Vous vous souvenez de cette fameuse scène dans Grease? Quand John Travolta, alias Danny, tente de reconquérir Sandy en l’emmenant voir un film au drive-in à bord de sa décapotable? Jc a toujours voulu faire ça! Enfin, pas draguer Sandy (un peu trop cucul la praline à son goût) mais se faire une toile en plein air, en mangeant du pop-corn dans sa voiture. Ça tombe bien, car il existe encore cinq ciné-parcs au Québec, dont quatre dans le Grand Montréal. Alors ce soir, c’est décidé, on va permettre à Jc de réaliser ce vieux rêve!
Pour commencer, il nous faut une voiture. C’est mieux. Pour l’occasion, nous réservons une voiture de location, en prenant le soin de demander un petit gabarit. Toutefois, en arrivant à l’agence, le loueur nous confie les clés d’une…Jeep! Vous comprendrez un peu plus tard en quoi ce détail nous a posé quelques soucis.
Direction Sainte-Eustache, au nord de Montréal. Quarante minutes plus tard, nous apercevons l’immense enseigne lumineuse annonçant l’entrée du ciné-parc. Les voitures sont réparties en plusieurs files, comme au drive-in d’un fast-food. Nous nous engageons vers le premier kiosque disponible. Le caissier, vêtu d’un uniforme tout droit sorti des années sixties nous vend un ticket à 20 dollars (10 dollars par personne) et nous indique le numéro d’écran de notre film. Nous avons choisi d’aller voir Histoire de Jouet 4…pardon, Toy Story 4, car tous les autres films proposés ce soir sont soit des films anglophones diffusés en français (on essaie d’éviter) soit des films québécois (on essaie d’éviter aussi!).
La séance commencera à la tombée du jour, soit dans un peu plus d’une heure. Il y a déjà beaucoup de monde sur place. Lorsque nous arrivons à proximité de l’écran dédié, nous remarquons que les voitures sont séparées en deux clans par une longue ligne blanche parallèle à l’écran. En toute innocence, ou presque, nous optons pour le clan des voitures garées au plus près de l’écran. Tant qu’à faire, on verra mieux d’ici et après tout, elle n’est pas si grosse cette Jeep!
L’ambiance est à la fête. Tout autour de nous, on s’installe comme on monterait un campement. Bon nombre de voitures sont garées à l’envers, le coffre face à l’écran. Les futurs spectateurs déplient des chaises juste derrière leur coffre, sortent le pique-nique de la glacière familiale, ouvrent des paquets de chips, décapsulent des bouteilles de bières. C’est toute une mécanique bien huilée! Pendant que les parents s’affairent, les enfants jouent librement à travers les allées, dans leur tenue du jour ou en pyjama. Même les chiens, tenus en laisse, sont invités à la fête!
A peine avons-nous le temps de contempler ce spectacle à part entière, qu’un employé du ciné-parc vient à notre rencontre avec sa mobylette. Il nous demande d’aller nous garer derrière la ligne blanche. En effet, la première zone est réservée aux petits véhicules tandis que les voitures dépassant une certaine hauteur, les VUS (on ne dit pas dit SUV ici) et les camions (ou pick-up) sont priés de se garer en arrière pour ne pas gêner les autres. C’était trop beau pour être vrai! Résignés, nous partons à la recherche d’un nouvel emplacement, mais bien évidemment, les meilleures places sont déjà prises. Et inutile de préciser qu’on ne verra rien en restant derrière un pick-up! Finalement, nous nous garons au premier rang de la zone, mais sur la place la plus excentrée, tout à gauche de l’écran.
Ici, le niveau d’organisation de nos voisins dépasse d’un cran celui de la première zone. D’abord, il y a ceux qui ont ouvert le hayon de leur voiture, avec toute la marmaille directement allongée à l’intérieur du coffre. Oreillers, couette et pop-corn : tout est prévu pour regarder le film comme à la maison! Ensuite, il y a ceux qui ont carrément apporté leur canapé trois places! Enfin, mention spéciale pour les propriétaires de pick-up qui ont placé un matelas gonflable de luxe sur le plateau de leur véhicule : un vrai lit en plein air!
S’il est bien sûr permis d’apporter son propre pique-nique au ciné-parc, il est également possible de se restaurer sur place. Nous allons donc faire un tour au fast-food, qui propose sans grande surprise des burgers, des pogos (saucisses enrobées de pâte frite, piquées sur un bâtonnet), de la poutine, des frites, des rondelles d’oignons frits, des glaces. Jc craque pour des nachos au fromage et moi, je suis bien contente de m’être préparée une salade en vitesse avant de quitter la maison! En revanche, pas question de faire l’impasse sur le pop-corn que nous prendrons nature, à savoir sans l’arroser d’une louche de beurre fondu (beurk). Nous nous éloignons de cette ambiance bruyante et chargée en odeur de fristouille pour découvrir la salle de jeux d’à côté. Flippers, baby-foots et billards : ces arcades sont restées dans leur jus d’origine, comme en témoigne la couleur passée des banquettes en vinyle.
Ainsi ravitaillés, nous retournons nous installer en voiture et commençons à grignoter. Nous allumons la radio car c’est par ce biais que nous aurons accès au son du film. Il suffit de la régler à la fréquence indiquée sous l’écran géant. En attendant le début du film, la radio diffuse une musique d’ascenseur. Par intermittence, une voix off nous rappelle les consignes à respecter pendant la projection et nous éclaire ainsi sur le rôle de la fameuse ligne blanche. Il faudra également veiller à éteindre les feux de la voiture, à ne pas klaxonner et à ne pas s’asseoir sur le toit de la voiture. Certes.
Depuis notre arrivée sur place, le ciel s’est montré de plus en plus menaçant. Va-t-il pleuvoir ce soir? La projection va-t-elle être annulée? Serons-nous remboursés? Un premier éclair déchire le ciel et très vite, des trombes d’eau s’abattent au-dessus du ciné-parc. Panique à bord. Enfin, pas pour nous, qui sommes bien protégés dans l’habitacle, mais pour ceux qui se sont installés en plein air. Certains renoncent, remballent leurs affaires et quittent les lieux. Les autres, plus optimistes, rentrent se protéger à l’intérieur de leur voiture, en espérant que cela passe. Miracle, quelques minutes avant le début du film, l’orage laisse place à une belle éclaircie. La séance commence par la diffusion de bandes-annonces, comme dans un vrai cinéma. Notre voisin de derrière vient frapper à notre vitre pour nous demander d’éteindre nos feux de position. Oups! Derniers réglages : la ventilation tourne à bas régime, une couverture d’appoint cache le rétro-éclairage du tableau de bord et les essuie-glaces captent les dernières gouttes de pluie. Chut, ça commence!
Finalement, nous sommes très bien placés. L’écran ne nous paraît pas trop loin et nous n’avons aucun problème avec le son à la radio (sauf quand la voiture décide de tout éteindre toute seule). Et l’avantage d’être en voiture, c’est qu’on n’est pas dérangé par les bruits de mastication des amateurs de pop-corn ou par les coups de pied dans le dos d’un voisin agité! Quant au film en lui-même, nous avons été un peu déçus par ce quatrième volet des aventures de Woody et de Buzz l’Éclair. Les précédents épisodes nous avaient habitués à plus de second degré pour le public adulte. Toutefois, nous avons passé une très bonne soirée. L’ambiance du ciné-parc à la fois festive et intimiste. Un bon plan pour une sortie entre amis, familiale ou romantique.
N’est-ce pas, Danny 😉 ?
Vous voyez ça en France, vous? Y aurait des râleurs, non?