Road trip dans l’Ouest des Etats-Unis – Jour 32 – Sur la Route 66 (Arizona & Californie)


Etats-Unis / samedi, décembre 7th, 2019

Jour 32

Date : Jeudi 5 décembre

Situation : Sur la Route 66, entre Kingman (Arizona) et Barstow (Californie).

Point Météo : Rien à voir avec la veille : grand soleil et températures très douces (10 degrés le matin et 15 degrés l’après-midi). C’est une belle journée!

Programme de la journée :

Ce matin, alors que je suis sous la douche, la voix d’Eddy Mitchell résonne dans ma tête: « Sur la route 66, Personne ne t’attend là-bas… ». Aujourd’hui, nous continuons notre trajectoire sur la Route 66 en direction de la Californie (avec un deuxième passage rapide à Kingman pour compléter nos photos sous un meilleur jour).

  • Une petite curiosité pour commencer

En quittant notre hôtel, situé près du Lac Havasu, nous faisons un léger détour pour photographier la curiosité des lieux : le London Bridge. Il s’agit du prédécesseur de l’actuel London Bridge qui enjambe la Tamise. N’étant plus suffisant pour supporter le trafic croissant de la capitale, il avait été démantelé en 1967 et mis en vente. C’est un riche entrepreneur d’Arizona qui l’avait ainsi acheté pour « l’installer » dans la ville qu’il avait créée quelques années plus tôt, Havasu Lake City.

  • Cool Springs station

La route qui relie Kingman à Oatman nous enfonce un peu plus dans le désert de Mojave. Nous retrouvons ainsi les sols rocailleux jaunâtres, les cactus aux formes variées, les caravanes ou cabanes en tôles disséminées et les boites aux lettres regroupées au bord de la route. Un premier panneau nous alerte sur la présence potentielle d’ânes traversant la route, et à juste titre. Sur la photo, les bourricots ressemblent à un groupe de rock en train de poser pour la pochette de leur prochain album.

Nous nous arrêtons au milieu de nulle part, à Cool Springs Station. Il s’agit d’une station-service emblématique, construite initialement dans les années 1920, puis reconstruite à l’identique dans les années 2000, pour le folklore. Idéalement placée dans le désert, c’était à l’époque un arrêt apprécié par les conducteurs qui voulaient refaire le plein ou faire une pause avant d’affronter la dangereuse portion de route qui les attendait juste après, au niveau du Sitgreaves Pass. Attention, aujourd’hui, les pompes à essence ne sont là que pour faire joli! Inutile d’espérer de se ravitailler ici, à part en souvenirs, gemmes ou jerky de bœuf (viande séchée).

Le propriétaire est un homme sympathique qui n’hésite pas à aller à la rencontre des touristes pour leur raconter l’histoire des lieux. Il leur indique même où se placer pour faire la photo parfaite, avec une vue à la fois sur le sign « Route 66 » peint sur le goudron, la station-service et le désert en arrière-plan.

  • Sitgreaves Pass

Nous nous apprêtons maintenant à traverser les Black Moutains par un col, le Sitgreaves Pass, qui nous emmène d’un coup à 1000 mètres d’altitude. C’est une portion de la Route 66 qui offre une superbe vue sur la montagne et le désert mais qui a aussi généré beaucoup d’accidents, comme le prouvent les quelques carcasses rouillées de voitures aperçues dans le ravin. Ce passage était donc redouté, d’autant plus que les voitures n’arrivaient pas toujours à grimper (la pression n’étant pas suffisante pour faire circuler l’essence dans le moteur). Certaines d’entre elles se faisaient tracter par des chevaux ou prenaient carrément la montée en marche arrière (on parle ici de l’époque où c’étaient surtout des Ford T qui longeaient la Route 66, à ses débuts)! Alors que nous redescendons le col, nous survolons une mine d’or qui semble être toujours en activité (?).

  • Oatman

Nous voilà à Oatman, une ancienne ville de miniers aux airs de Westerns, laissée à l’abandon puis réhabilitée. C’est la dernière ville d’Arizona traversée par la Route 66 avant la Californie.

C’est également une destination très particulière puisque la ville est envahie par des willd burros. Ces ânes sauvages (pas si sauvages que ça d’ailleurs) seraient les descendants des mules qui travaillaient avec les miniers à l’époque (mais je croyais que les mules étaient stériles?!). Il y a en a partout, même à l’entrée des cafés et boutiques de souvenirs ou de maroquinerie. Evidemment, on peut leur donner à manger, pour quelques dollars la botte de carottes ou le paquet de cacahuètes, sauf s’ils ont une étiquette STOP collée sur la tête. Ce sont généralement les ânons, non encore sevrés, qui sont concernés par cette restrictions.

Des hommes se promènent dans la rue en tenue de cowboy. En pleine saison, il paraît qu’ils se tirent régulièrement dessus (mais à blanc!). Il ne s’agit pas des seules animations de la ville. En effet, des affiches présentent différents types de compétitions à venir, comme cette course de lits sur roulettes dans la rue ou ce concours de cuisson d’œuf au soleil, qui a lieu pour le 4 juillet. Il faut dire que ça tape, ici, en été (la ville, située au milieu du désert, étant considérée comme l’une des plus chaudes des Etats-Unis).

Oatman est aussi célèbre pour son hôtel, où Clark Gable et Carole Lombard ont passé leur nuit de noce. On raconte d’ailleurs que leurs fantômes continuent à hanter les lieux.

Nous ne restons pas très longtemps dans la ville-Western, préférant éviter les ruades de quelques ânes nerveux. Nous hésitons à dire si Oatman est authentique ou un peu trop touristique…Ce qui est sûr, c’est qu’il faudrait interdire le stationnement des voitures dans la rue principale, au milieu des ânes et des saloons, qui jurent franchement avec le décor!

  • Needles

Alors que nous quittons Oatman, le paysage change et se verdit progressivement. Nous apercevons quelques palmiers, les premiers depuis longtemps. Pas de doute, la Californie n’est plus très loin. Et effet, juste le temps de traverser le fleuve du Colorado et nous voilà à Needles, la première ville californienne parcourue par la Route 66. En même temps que nous passons la frontière, nous changeons de fuseau horaire. Il était 14h30 à l’entrée du pont; il est maintenant 13h30 (9 heures de décalage avec Paris, 3 heures avec Montréal).

Après les trains, JC se met en tête de photographier de gros camions américains (tut-tut!). Il profite d’un passage par la I-40 pour attraper son objectif et capturer le roi de la route en vol.

  • Amboy

Amboy est une toute petite bourgade célèbre pour deux choses : un cratère volcanique et un motel. D’ailleurs, les panneaux estampillés Roadside Attraction nous confirment officiellement la chose.

Il ne reste plus grand chose du Roy’s Motel Cafe, à part sa station essence (mais le prix du galon y est plutôt élevé) et un café-boutique. Son enseigne aux formes futuristes reste toutefois particulièrement photogénique. Il y a aussi un double sign « Route 66 » peint sur la route. A l’époque, il y avait une station-service, un motel, un café mais une partie du site a été fermée, notamment en raison des difficultés à amener de l’eau potable. La fermeture de la Route 66 a également beaucoup impacté la survie de ce complexe destiné à accueillir les voyageurs.

Fait amusant, la ville n’appartient pas à l’Etat. Alors qu’elle tombait à l’abandon, elle a été achetée dans les années 90 par deux associés pour en faire un site de tournage de films. Les deux hommes ont ensuite tenté de revendre la ville en la mettant aux enchères sur E-Bay mais sans trouver preneurs au prix escompté. La ville a finalement été rachetée quelques années plus tard par un mécène/détenteur d’une chaîne de restaurants qui s’est efforcé de conserver le côté touristique du site.

A Amboy, on peut également voir un cratère volcanique, planté là, seul, au milieu du désert. Il fait partie d’un ensemble déclaré Monument National de Mojave Trails au cours du mandat de Barack Obama.

  • Bagdad Cafe

Pour cette fin d’après-midi, la Route 66 nous emmène devant le café où a été tourné Bagdad Cafe (le café a été rebaptisé ainsi quelques années après la sortie du film). Toutefois, il n’est pas situé dans la petite ville de Bagdad, non loin de là, mais à Newberry Spring. Sorti en 1988, ce film racontant l’amitié improbable entre deux femmes que tout opposait, est passé inaperçu aux Etats-Unis tandis qu’il a rencontré beaucoup de succès en France. C’est pourquoi 70 à 80% des touristes qui s’arrêtent ici sont d’origine française! Nous nous en rendons compte en entrant dans le café, lorsque nous découvrons tous les messages, autocollants, drapeaux et maillots de foot de l’OM et du PSG laissés par nos compatriotes.

Propriétaire peu avenante, lumière criarde, sensation étouffante. Contrairement au jeune couple de français installés au comptoir (déjà croisés hier sur la route), nous restons de marbre face à ce capharnaüm un peu attrape-touriste et reprenons notre chemin. Il faut dire que nous n’avons aucun souvenir de ce film (je confondais avec Sur la Route de Madison, c’est dire!) en dehors de sa bande originale culte « I’m calling you  » !

Direction Barstow, où nous passerons la nuit, au bord de la Route 66. Pas mal, pour la dernière nuit d’hôtel du road-trip 😉

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