Road trip dans l’Ouest des Etats-Unis – Jour 31 – Sur la Route 66 (Arizona)


Etats-Unis / vendredi, décembre 6th, 2019

Jour 31

Date : Mercredi 4 Décembre – Dans une semaine, nous serons en France! Vous y croyez, vous ?

Situation : Sur la Route 66, entre Williams et Oatman (Arizona)

Point Météo : Froid, brouillard, pluie (un peu, beaucoup, passionnément). La neige est toujours présente ce matin jusqu’à disparaître d’un seul coup à mi-parcours.

Ce qu’il faut savoir sur la Route 66 :

L’histoire de la US Route 66 est tellement dense et passionnante qu’il est difficile de la résumer en quelques lignes…

  • La Route 66 est donc une route mythique qui, paradoxalement, n’existe plus officiellement! Inaugurée en 1926, c’est la première route transcontinentale pavée d’Amérique. Il faut toutefois attendre 1938 pour que la route soit entièrement goudronnée.
  • Reliant Chicago (Illinois) à Santa Monica (Californie), elle s’étend sur plus de 3 500 km, même si, à une certaine époque, elle frôlait les 4 000 km (notamment lorsqu’elle desservait encore Santa Fe).
  • La Route 66 traverse 8 Etats (Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie) et 3 fuseaux horaires.
  • A l’époque, l’arrivée de la Route 66 contribue au développement des villes et des petits commerces qui la bordent. Si la Route 66 connaît différents flux migratoires au cours de son histoire (notamment pendant la Grande Dépression, où l’on partait en direction de la Californie dans l’espoir de trouver une vie meilleure), c’est surtout à partir des années 50 et 60 qu’elle rencontre son plus grand succès. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, les Américains n’hésitent pas à sauter dans leur voiture rutilante et à traverser le pays entier pour profiter de vacances en famille. Il faut donc occuper les touristes sur la route et leur proposer toutes sortes de services. Les stations-services, les motels, les cafés, les diners, les curio-shops (boutiques de souvenirs) et les roadside attractions (musées, parcs de dinosaures, baleine bleue géante etc.) poussent comme des champignons. Toutefois, très fréquentée, la route devient dangereuse, avec de plus en plus d’accidents mortels. Inspiré par le modèles des autoroutes allemandes, réputées sûres et rapides, le président Eisenhower lance dans les années 50, un plan de développement des Interstates, ces autoroutes qui relient les Etats entre eux. L’Interstate 40 (I-40) remplace progressivement différents tronçons de la Route 66. En 1984, le dernier segment est définitivement fermé au niveau de la ville de Williams, puis la Route 66 est officiellement « déclassée » en 1985, littéralement rayée de la carte (avec des tronçons remplacés par l’I-40, fermés ou rendus impraticables car plus entretenus). C’est une tragédie pour les commerces et les villes aux alentours, qui tombent à l’abandon.
  • Heureusement, dans les années 90, un mouvement est lancé par des inconditionnels de la Route 66 pour assurer sa préservation. La figure majeure de cette renaissance est incarnée par un certain Angel Delgadillo, un barbier de Seligman (Arizona), surnommé depuis l’Ange-gardien de la 66. Le mouvement porte ses fruits, la route devient la Historic Route 66 et le tourisme repart. Ainsi, bien qu’elle n’existe plus officiellement, la Route 66 est devenue une route mythique, emblématique du road-trip américain.
  • Vous l’aurez sans doute remarqué, la Route 66 apparaît largement dans la chanson (Route 66, Take it easy), le cinéma (Easy Rider, Thelma & Louise, Forrest Gump) et la littérature. C’est d’ailleurs John Steinbeck qui l’appelle « The Mother of the Road » dans les Raisins de la Colère, un surnom qui lui est resté depuis.

Programme de la journée :

Ce matin, nous quittons Williams et empruntons la Historic Route 66 dans le sens Est → Ouest tout en restant dans l’Arizona. Nous adapterons notre trajet et nos arrêts en fonction des must-stop, de notre curiosité et de la météo. Ce soir, nous dormirons près de Oatman, la dernière ville notable de la Route 66 d’Arizona, avant la frontière californienne.

  • Un début de route en rimes avec Burma Shave

Alors que nous approchons de notre première destination de la journée, nous nous amusons des panneaux publicitaires de Burma Shave. A l’époque, alors que les chiffres de la marque de crème à raser sont en perte de vitesse, son propriétaire a l’idée de récupérer des vieux panneaux de signalisation et de les utiliser pour afficher des slogans amusants et qui riment tout au long de la route. Chaque slogan est en fait réparti sur plusieurs panneaux qui se succèdent sur quelques dizaines de mètres et le dernier d’entre eux finit toujours de la même façon, en citant la marque Burma Shave.

  • Seligman, le berceau de la Historic Route 66

Seligman est une première étape idéale pour s’imprégner de l’ambiance mythique de la Route 66. Des voitures rouillées sur le bord de la route principale, des vieux motels en enfilade, un saloon avec un vautour en guise de mascotte, des panneaux à l’effigie de la Route 66…

C’est ici que le mouvement pour sauver la Route 66 est né, porté par Angel Delgadillo. Le vieux barbier, aujourd’hui âgé de 92 ans est une véritable star, bien au-delà des frontières de la petite bourgade. Son Barber Shop est toujours ouvert. On peut encore s’y faire tailler la barbe ou se faire prendre en photo dans l’unique fauteuil du salon. C’est aussi un magasin de souvenirs où le café est offert, comme c’était déjà le cas à l’époque. Même Johnny Hallyday est passé sous les lames aiguisées du barbier.

Angel Delgadillo a tellement marqué l’histoire que le réalisateur John Lasseter est venu le trouver et s’est inspiré de leurs nombreuses entrevues pour créer l’univers de Cars. Le film d’animation Disney-Pixar est en effet un parallèle avec l’abandon de la Route 66. Ceci explique pourquoi nous allons trouver différentes références à Cars sur une partie de notre parcours. Par exemple, ici, on peut voir de vieux tacots « animés », avec des yeux sur le pare-brise et des dents sur la calandre du moteur.

A côté du Barber Shop, on trouve le Delgadillo’s Snow Cap, un fast-food ouvert par le frère d’Angel et repris depuis par ses enfants. Plus qu’un fast-food, c’est un temple dédié à l’humour, à l’image de son créateur, comme le montrent la décoration, le contenu du menu, les écriteaux. Même la porte d’entrée nous joue des tours puisqu’elle a deux poignées (une factice, à droite et la bonne à gauche). Nous n’avons ni faim ni soif mais histoire de ne pas repartir comme ça, je commande un diet coke à la fontaine, en précisant « the small one », puisqu’il existe en différents formats. Derrière le comptoir, le serveur me fait répéter « the small one? » avant de me servir l’équivalent d’un dé à coudre dans une mini-coupelle et de m’arroser de fausse moutarde!

  • Peach Springs

Rien de spécial à voir à Peach Springs, à part un train de marchandises que JC a très envie de photographier (tchou, tchou !).

Ceci dit, c’est cette ville, entre autres, qui a inspiré le réalisateur de Cars pour créer la ville Radiator Springs.

  • Hackberry et son General store

Hackberry est une double ville fantôme, puisqu’elle a été laissée à l’abandon une première fois, après le départ des miniers, réhabilitée plus tard puis de nouveau abandonnée suite à l’arrivée de l’I-40. Aujourd’hui, nous nous arrêtons pour son General Store.

C’est un vieux magasin, avec une vieille station essence et de vieilles voitures à côté. Un chat (un vrai) installé sur la banquette de la voiture du Shérif semble surveiller les environs d’un œil. À l’intérieur du magasin, des souvenirs, un juke-box, des mannequins derrière le comptoir d’un café au carrelage noir et blanc. Les toilettes à elles-seules valent le détour : chez les femmes, des toilettes roses à l’effigie de Marilyn Monroe; et chez les hommes, des toilettes mettant les femmes à l’honneur tout court.

Les plafonds sont par alternance recouverts de plaques d’immatriculation ou de billets tandis que des photos de stars dédicacées tapissent les murs. Et les rideaux sont aux couleurs de Cars!

  • Kingman, le cœur de la Historic Route 66

Kingman est une ville assez grande qui se revendique comme étant le cœur de la Route 66. C’est en effet un point idéalement placé, entre Las Vegas, le Grand Canyon et Los Angeles que l’on peut rejoindre par la route ou le train. Fait insolite, dans cette ville, la Route 66 a été rebaptisée Andy Devine Avenue, en l’honneur de l’acteur et homme de radio du même nom, qui a grandi ici et qui était connu pour sa voix nasillarde.

Nous profitons d’une pluie battante pour visiter le Arizona Route 66 Museum, dont l’entrée est tenu par une gentille octogénaire.

Nous nous arrêtons également devant un motel emblématique, El Trovatore. Impossible de le louper avec sa première enseigne rouge et blanche posée sur le bord de la route et la deuxième fixée à un énorme pylône. A l’origine, il n’y avait qu’une station-service à cet emplacement. Le motel n’a été construit que quelques années plus tard. C’était alors le premier hôtel d’Arizona à disposer de l’air conditionné.

Des stars y ont séjourné, comme Marilyn Monroe et Clark Gable. Depuis, les chambres ont chacune un thème et on peut dormir dans la chambre de Frank Sinatra, de Clint Eastwood, ou d’Elvis Presley. Enfin, sur les murs extérieurs des chambres, nous découvrons une fresque illustrant tous les spots de la Route 66, de Chicago à Santa Monica. Le motel la présente comme « The World’s longest Route 66 Map ». Rien que ça!

La pluie ne cesse de tomber et notre hôtel n’est pas très loin. Nous décidons d’interrompre notre virée pour la journée. Nous reviendrons rapidement à Kingman demain pour prendre quelques photos avec le soleil (intégrées ici) avant de reprendre notre trajectoire.

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