New-York, une porte ouverte vers le Rêve Américain.
Liberty Island et la Statue de la Liberté
Vous ne pouvez pas séjourner à New York sans aller saluer une des femmes les plus célèbres du monde : La Liberté éclairant le monde, ou autrement dit, la Statue de la Liberté. Ça serait comme se rendre à Paris sans aller chatouiller les pieds de la Tour Eiffel ou à Londres, sans aller recoiffer les moustaches de Big Ben!
Alors direction Battery Park dans le sud de Manhattan pour prendre le ferry. Une fois votre billet en poche, préparez-vous à faire preuve d’un peu de patience. En effet, avant de monter à bord, vous devrez vous prêter à un lourd contrôle de sécurité, comme à l’aéroport. Lorsque vous aurez été déclarés sans danger par les autorités, le ferry vous fera traverser l’Hudson et vous débarquera à Liberty Island, île de résidence de la Liberté. Vous ferez le tour de l’île en une heure environ. Un audioguide vissé à l’oreille vous fera (re)découvrir en français les secrets de l’édification de la statue.
Comme vous le savez, la Statue de la Liberté a été offerte aux Etats-Unis par la France, en gage d’amitié, pour commémorer le centenaire de la signature de la Déclaration d’Indépendance. On doit sa conception au sculpteur Auguste Bartholdi. La statue a été fabriquée en France puis transportée en pièces détachées par bateau, avant d’être assemblée sur place. Elle est composée d’une armature intérieure en acier, conçue par Gustave Eiffel, et recouverte de plaques de cuivre. A l’origine, la statue n’était donc pas verte mais d’un brun rougeâtre. On doit cette couleur à l’oxydation progressive du cuivre, au fil des années. Quand la statue a commencé à virer au vert, la ville a failli entreprendre de la faire repeindre ! Heureusement, l’idée a finalement été abandonnée et la statue s’est peu à peu recouverte entièrement de cette patine qui la caractérise tant.
Si la France gérait la fabrication de la statue, les Etats-Unis avaient la responsabilité de construire le piédestal pour l’accueillir. Toutefois, à l’époque, les américains ne manifestaient pas de réel intérêt pour le projet et le financement du piédestal a fini par devenir problématique. Un certain Joseph Pulitzer, directeur du journal du New York World, a alors eu une idée pour lever des fonds. Il proposa à ses lecteurs de faire un don, même modeste, pour la construction du socle de la statue. En retour, il publierait le nom des donateurs en première page du journal du lendemain. Un vrai succès! Ce qu’on oublie souvent, c’est que ce piédestal est aussi haut que la statue elle-même (un peu plus de 45 mètres chacun). Le tout repose sur un ancien fort en forme d’étoiles. Ce détail rappelle qu’avant, l’île servait de base militaire.
La statue de la liberté est porteuse de nombreux symboles, que vous connaissez déjà. D’abord, elle porte une couronne à sept pointes qui représenteraient les sept continents ou peut-être les sept océans… Elle tient dans sa main droite une tablette portant l’inscription JULY IV MDCCLXXVI (4 juillet 1776), date de la déclaration d’indépendance. De sa main gauche, elle brandit une torche dont les flammes « éclairent » le monde, dans tous les sens du terme. Son pied droit se dérobe sous sa toge et se soulève du sol, comme pour donner une impression de mouvement. Enfin, à ses pieds, des chaines brisées symbolisent la victoire sur l’oppression (détail visible seulement en prenant un peu de hauteur).
La statue est donc un symbole international de liberté et d’émancipation. Ce symbole de liberté était d’autant plus fort pour les migrants venus d’Europe. C’est elle qu’ils voyaient en premier en arrivant dans le nouveau monde. Pourtant, le jour de l’inauguration de la statue de la liberté en 1886, il y a eu quelques oubliés : les femmes, les personnes de couleur, les étrangers ou encore les juifs avaient été volontairement exclus des festivités…Plutôt paradoxal!
Voilà, avec toutes ces petites anecdotes sur la statue de la liberté, vous avez de quoi briller à la prochaine pause à la machine à café!
Il est temps pour vous de reprendre le ferry, en direction d’Ellis Island, pour visiter le musée de l’immigration.
Ellis Island et le Musée de l’Immigration
Tout comme si vous aviez traversé l’océan des semaines durant vous arriverez certainement sur Ellis Island l’estomac dans les talons! Mangez donc un bout à la cantine du musée, installée à l’endroit même où l’on servait les repas aux nouveaux arrivants. Asseyez-vous sur un des bancs qui servaient déjà à l’époque. Une fois sustenté (peut-être aurez-vous craqué pour le bretzel géant?), vous serez de nouveau opérationnel pour découvrir comment ça se passait ici.
Avant l’ouverture du centre d’accueil d’Ellis Island en 1892, les migrants arrivaient directement au Sud de Manhattan. Cependant, la population locale commençait à se plaindre de cette situation qui était propice à la propagation des maladies et à la recrudescence de la criminalité…C’est ainsi qu’est née l’idée de recevoir les migrants sur une île, ce qui permettait de les isoler le temps de vérifier leur dossier et leur état de santé, avant de les laisser entrer officiellement dans le pays.
Les migrants venus d’Europe arrivaient donc par le bateau. Ceux qui avaient la chance de voyager en première classe passaient tous les contrôles nécessaires sur le bateau puis débarquaient directement à Manhattan. Pour les autres, il fallait descendre à Ellis Island. En arrivant, les gens récupéraient leurs bagages dans lesquels ils avaient rangé toute leur vie puis ils étaient dirigés vers la Registry Room, à l’étage du centre d’accueil. Sans même le savoir, en se rendant dans cette fameuse salle, les migrants commençaient le processus d’inspection. En effet, alors qu’ils montaient les marches, des médecins les épiaient du haut des escaliers pour déceler les anomalies de santé les plus évidentes. Une claudication, un dos bossu ou une malformation? A son arrivée en haut des marches, le migrant ainsi repéré recevait une étiquette de couleur, accrochée par le médecin à l’aide d’une épingle à nourrice. Ce n’était pas rédhibitoire, mais cela signifiait que des examens médicaux plus poussés seraient nécessaires.
Ensuite, les migrants étaient invités à faire la queue, pour se présenter auprès d’un agent. Il fallait arriver à comprendre les indications du personnel sur place, données en anglais ! Quand leur tour arrivait, les migrants étaient accueillis par un agent de l’immigration et généralement un interprète. L’interrogatoire pouvait alors commencer : Quel est votre nom? Combien d’argent avez-vous sur vous? Qui vous accompagne ou qui venez-vous rejoindre? Quel travail comptez-vous exercer ici? Avez-vous des antécédents judiciaires? Toutes ces questions permettaient de vérifier l’identité des personnes et de s’assurer qu’elles ne deviendraient pas une charge pour l’état. Idéalement, il fallait avoir 20 dollars en poche. Les femmes seules ne pouvaient pas quitter l’île. Si elles avaient pour projet de rejoindre un fiancé, alors, ledit fiancé devait la retrouver sur l’île pour qu’ils se marient. Après cette première étape, les migrants passaient aux examens médicaux, notamment avec le test du trachome. Avec un petit crochet, les médecins soulevaient la paupière des migrants pour en vérifier l’état. En cas de suspicion de trachome, une maladie oculaire très contagieuse pouvant rendre aveugle, la personne était renvoyée chez elle! Si la personne présentait d’autres signes de maladie « acceptable », elle était soignée sur place, jusqu’à sa complète guérison.
En général, les migrants restaient une journée sur Ellis Island mais pour certains, la vérification de leur dossier prenait un peu plus de temps, ce qui les obligeait à rester plusieurs jours. Toutefois, ils étaient plutôt bien accueillis et particulièrement bien nourris! Les repas pris sur place étaient d’ailleurs l’occasion pour les migrants de découvrir une nourriture complètement inconnue pour eux, comme le porridge, le jambon cuit ou encore les bananes qu’ils pouvaient parfois manger avec la peau! Une fois autorisés à quitter l’île, les migrants rejoignaient la ville de New York ou s’achetaient un billet de train pour une autre destination où ils pourraient commencer leur nouvelle vie.
Ellis Island a ainsi fonctionné jusqu’en 1954. Douze millions de personnes y ont été reçues et seulement 2% d’entre elles auraient été refusées et renvoyées dans leur pays, en raison de leur état de santé, de leur passé criminel ou parfois pour des questions de quota.
A l’issue de cette visite, vous ne pourrez pas vous empêcher de faire un parallèle avec l’actualité. L’immigration est hélas un sujet de plus en plus préoccupant de nos jours et pour les années à venir…Mais ça, c’est une autre histoire que l’on ne développera pas ici mais dont vous pourrez débattre à votre prochain repas de famille 😉