Jeudi 16 août 208.
Il nous reste trois jours pour parcourir la région du Saguenay et du Lac Saint-Jean. Et croyez-moi, c’est peu, vu la somme de choses à voir et à faire ici! La météo étant frisquette et instable aujourd’hui, nous optons pour une journée axée sur la culture et l’histoire!
Le site de la Nouvelle France, à Saint-Félix d’Otis
Le Site de la Nouvelle-France est une reconstitution du village de Québec au XVIIe siècle, à l’arrivée des premiers colons. Cette visite permet donc de se plonger à l’époque de la colonisation française mais aussi d’en apprendre plus sur la culture autochtone. Des personnages en costume d’époque racontent leur quotidien aux visiteurs, pour une expérience encore plus interactive!
Le village se rejoint soit en navette, soit par un sentier pédestre pédagogique qui traverse la forêt et se termine par une belle vue sur le fjord. Le site est divisé entre la Basse-Ville et la Haute-Ville. Dans la Basse-Ville, nous sommes accueillis par le tavernier, qui nous sert une tisane de sapin, pour nous préserver du scorbut. Nous sommes ensuite invités à passer au magasin général pour faire nos emplettes. Outils, armes, vaisselle, sel ou encore fourrures : tout y est pour satisfaire un colon. Le gérant du magasin nous explique que le troc est la meilleure monnaie d’échange : il nous propose quelques cordes contre une truie! Parfois, il accepte aussi les cartes à jouer comme moyen de paiement (l’ancêtre du chèque) mais seulement s’il a confiance en son acheteur ! Il se vante également de la qualité de ses fourrures en peau de castor ou de raton-laveur (si elles sont si douces, c’est parce que les trappeurs les ont portées en manteau tout l’hiver, les poils directement contre leur peau, avant de les vendre au magasin).
Dans la Haute-Ville, nous rencontrons la cuisinière du fort, chargée de nourrir les 36 mois. Ce sont de jeunes stagiaires venus de France et appartenant à différents corps de métier (forgerons, maçons etc.) qui participent au développement de la colonie, en échange du logis, du couvert, et d’un petit pécule qu’ils perçoivent au bout de 3 ans (un contrat d’apprentissage, en quelque sorte). Les repas doivent être particulièrement consistants pour rassasier ces travailleurs voués à un rude labeur : pain, haricots au lard, soupe de pois, bourguignon d’orignal et de temps en temps, une tarte aux fruits, mais pas trop souvent car le sucre coûte cher! A la petite chapelle, la jeune fille à marier nous raconte aussi son histoire et notamment sa traversée de l’océan depuis la France, pendant trois mois, à résister aux maladies, à succomber au mal de mer et à ne pas pouvoir se laver! Elle profite également de l’absence de Samuel de Champlain, parti en mission dans une autre colonie, pour nous faire visiter sa maison. Monsieur a le luxe d’avoir plusieurs meubles (un lit à baldaquin, un bureau, une chaise percée) et des rideaux bleus, brodés de lys d’or! Aux alentours, les maisons des habitants sont beaucoup plus modestes : les familles se partagent un tout petit espace mal isolé du froid, dorment par terre et le seul meuble qu’elles possèdent est un coffre de bois dans lequel elles ont transporté leurs effets personnels durant la traversée depuis le vieux continent.
En dehors du village, une autochtone de la tribu des Innus s’est installée un peu plus haut. Elle restera ici avec les siens, le temps de procéder à quelques échanges commerciaux avec la colonie. Elle nous accueille humblement dans sa maison longue pour nous faire découvrir les légendes, les pratiques et les traditions de sa tribu. Elle nous montre son tomahawk et nous explique qu’à la base, c’était un simple manche en bois qui servait à assommer ses ennemis sans les tuer. D’ailleurs, les ennemis ainsi étourdis étaient souvent ramenés au camp puis adoptés par la tribu…Ce seraient les colons qui auraient eu l’idée d’y ajouter une lame tranchante au bout (plus d’adoption possible dans ces conditions)! L’autochtone nous fait également découvrir les trois sœurs, soit trois plantes potagères que l’on retrouve systématiquement dans un jardin nomade, car elle se développent en synergie : la courge, le maïs et le haricot. Les feuilles des courges retiennent l’humidité du sol et repoussent les mauvaises herbes; le maïs sert de tuteur aux haricots grimpants qui fixent l’azote, favorisant ainsi la croissance des deux autres plants. De plus, consommées en un plat unique, ces trois plantes constituent un repas équilibré.
Voilà pour le site de la Nouvelle-France…Nous y avons appris beaucoup de choses! Initialement, le site a été construit pour le tournage d’un film puis d’une série canadienne. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il a été ouvert au public, sous forme de musée immersif.
Il est presque 17h quand nous quittons les lieux. Petit pique-nique (on a faim!) face au fjord! Quelle vue!
Le Musée de la Petite Maison Blanche à Saguenay
De retour en ville, nous poursuivons notre voyage dans le temps. En effet, le Musée de la Petite Maison Blanche nous plonge un peu plus de 20 ans en arrière, en plein déluge du Saguenay!
Du 19 au 21 juillet 1996, les régions de Saguenay-Lac Saint-Jean et de Charlevoix sont confrontées à des pluies diluviennes, qui, par un cumul de circonstances, provoquent de terribles inondations. A Chicoutimi, dans le quartier de la centrale hydro-électrique, ce sont plus de deux mètres d’eau qui déferlent d’un seul coup, provoquant d’importants glissements de terrain. L’eau aurait même traversé la ville avec un débit comparable à celui des chutes du Niagara! Les lieux ont pu être évacués à temps grâce à l’intervention de l’armée et de la Croix-Rouge mais les dégâts sont énormes : des maisons ont été littéralement arrachées à leurs fondations, les routes rendues impraticables et les ponts gravement endommagés. Le coût des réparations s’élève à plus de 1.5 milliards de dollars! Pourtant, dans le quartier de la centrale, une seule maison a résisté : la Petite Maison Blanche du 441 rue Gédéon. Il n’y a plus de terrain autour, mais la maison n’a pas bougé d’un pouce, rendant ainsi très fière sa propriétaire de 80 ans. Très vite, les journalistes et les habitants de la ville désignent cette maison comme le symbole du déluge de Saguenay et quelques années plus tard, la maison devient un musée, en mémoire de la catastrophe.
Malgré sa taille minuscule, le musée est intéressant! En plus de l’exposition sur le déluge, il relate aussi l’histoire de cette petite maison centenaire et des gens qui y ont vécu!
Allez, retournons dans le présent maintenant…ou plutôt dans le futur, car nous devons encore peaufiner notre programme pour demain! Heureusement, c’est une soirée tranquille qui nous attend à la maison…C’est aussi fait pour se reposer, les vacances, non?