Mercredi 15 août 2018.
La croisière des baleines
Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec les baleines! Nous croisons donc très fort les doigts, les orteils et tout le reste, dans l’espoir que celles-ci ne nous posent pas un lapin!
Nous avons réservé nos places à bord du Fleuve, pour une une croisière de 3 heures sur le Saint-Laurent, au départ de Tadoussac. Je vous l’accorde, ce genre de prestation pour observer les baleines manque peut-être d’authenticité mais c’était pour nous la meilleure option. C’est vrai qu’on aurait pu s’offrir une excursion en zodiaque, par exemple, mais le zodiaque coûte/secoue/mouille plus qu’une croisière classique et l’idée que des personnes à bord puissent être malades ne nous enchantait pas plus que ça! Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les zodiaques n’ont pas le droit de s’approcher plus près des baleines que les autres bateaux.
Ainsi, nous montons à bord du Fleuve. la visite est commentée par un naturaliste passionné, qui repère la présence de baleines et donne des directives au capitaine pour les approcher. Différentes espèces de baleines viennent se nourrir durant l’été dans la partie la plus large du Saint-Laurent et à l’embouchure du Saguenay. Puis, à l’approche de l’hiver, elles retournent vers l’océan pour se reproduire, à l’exception des Bélugas qui vivent ici toute l’année. Il y a même des baleines qui reviennent systématiquement chaque année ici, si bien qu’elles ont chacune leur petit nom (les naturalistes parvenant à les distinguer grâce à la présence de taches spécifiques, de cicatrices, d’une forme caractéristique d’une nageoire etc.).
Très rapidement, alors que le bateau n’a pas encore atteint le large, le guide attire notre attention sur un groupe d’oiseaux volant au ras de l’eau. Ces oiseaux ont repéré du poisson en grande quantité en un point précis, signe qu’une baleine est dans les parages! En effet, lorsque les baleines plongent dans l’eau, elles créent un tourbillon qui fait remonter les poissons et le plancton à la surface. Elles n’ont plus qu’à se servir quand elles remontent à leur tour à la surface, et les oiseaux aussi! Après quelques instants, nous voyons effectivement notre première baleine…enfin, plutôt un bout de nageoire fendant la surface de l’eau avant de disparaître presque aussitôt! C’est un petit rorqual. Dans les minutes qui suivent, des dizaines de petits rorquals reproduisent le même spectacle. Malheureusement, nous sommes du mauvais côté du bateau. Toutes les choses à voir se passent de l’autre côté…Et quand nous décidons enfin de passer à tribord, il commence à y avoir du mouvement à babord! J’ai l’impression d’être à la caisse d’un supermarché et d’avoir pris la mauvaise file; celle qui n’avance pas!
Alors que nous rejoignons le large, nous apercevons cette fois de grandes colonnes blanches au-dessus de l’eau. Il s’agit du souffle d’une baleine. Le guide nous apprend qu’étant donné la hauteur des souffles, nous avons affaire à une plus grosse espèce que précédemment : une baleine noire ou peut-être un rorqual à bosse. Il nous explique également que la baleine va produire une dizaine de souffles (comme pour prendre sa respiration) avant de plonger en profondeur, pour une dizaine voire une quinzaine de minutes. Il peut se passer un quart d’heure entre le dernier souffle et le moment où la baleine plonge, alors il faut être patient et guetter sans relâche ! Finalement, la baleine plonge de notre côté du bateau, exhibant un petit bout de son dos et surtout sa belle nageoire caudale!
Je l’avoue, j’ai été un peu déçue par cette croisière, bien que les conditions aient été optimales (météo, variété et quantité d’espèces observées). Sur le bateau, les gens poussaient des ah! et des oh! au moindre bout de nageoire visible et je peinais à ressentir le même enthousiasme. En fait, je crois que je m’attendais naïvement à voir des baleines faire des pirouettes sous nos yeux! Mais avec le recul, je réalise que nous avons eu une chance rare de pouvoir approcher ces gigantesques mammifères marins, dans leur milieu naturel! Et JC a même eu la chance d’apercevoir deux phoques curieux de voir passer tous ces bateaux ! Petite déception quand même : nous n’avons pas vu de Bélugas alors que ce sont les stars locales! Saviez-vous que ces petites baleines blanches sont les seuls cétacés à avoir un cou articulé? C’est pour cette raison que nous les trouvons si expressifs et donc si mignons quand ils bougent la tête!
Un petit tour dans Tadoussac…
De retour sur la terre ferme, nous visitons le Musée d’Interprétation des Mammifères Marins (un peu décevant), puis nous nous baladons sur la baie de Tadoussac, jusqu’à la Pointe de l’Ilet. Nous pique-niquons sur la plage, face à la « mer » et tournant le dos à l’hôtel de Tadoussac.
La Route du Fjord
Du sable plein les poches, nous quittons Tadoussac en direction de Chicoutimi, un arrondissement de la ville de Saguenay où nous logerons jusqu’à la fin de notre séjour. Pour réaliser cette étape de 130 km, nous empruntons une autre route panoramique : la Route du Fjord.
Mais au fait, c’est quoi déjà un fjord, à part un très bon yaourt? Ce n’est pas quelque chose qu’on voit en Scandinavie normalement? Par définition, un fjord est une ancienne vallée glaciaire envahie par les eaux marines. Il ne peut s’en former que sur des latitudes proches des calottes glacières, ce qui explique pourquoi on en trouve surtout en Scandinavie mais aussi en Ecosse ou en Amérique du Nord.
Ici, c’est le Fjord de Saguenay que nous allons découvrir. Pour faire simple, il y a des millions d’années, le plateau rocheux des Laurentides s’est creusé d’une immense faille. Ensuite, un gros glacier est arrivé par là, et a tout érodé sur son passage, creusant et arrondissant ainsi un peu plus la faille. Quand le glacier a fondu, il a laissé place au fjord qui s’est rempli d’eau. Au final, ce fjord présente une longueur de 105 km et une largeur variant de 1 à 3,5 km. Les falaises qui le bordent mesurent en moyenne 150 m de haut mais peuvent atteindre 400 m à certains endroits. La rivière qui y loge est le Saguenay, laquelle prend sa source dans le lac Saint-Jean et se jette dans le Saint-Laurent. Elle a la particularité d’être composée d’une couche d’eau salée profonde, venant du Saint-Laurent et se dirigeant vers le lac, et d’une couche d’eau douce, plus chaude et plus légère, faisant le chemin inverse. Cette particularité est à l’origine de la richesse de la flore et de la faune aquatique de la rivière!
Nous faisons un premier arrêt à Baie-Sainte-Marguerite, au centre d’observation des Bélugas. Il faut avant cela s’acquitter des droits d’entée au Parc National du Fjord de Saguenay. Malheureusement, le centre d’observation est plutôt un centre d’informations, et les réels points d’observation des baleines sont à 2-3 heures de marche. Nous renonçons à cette randonnée car il est déjà tard et nous reprenons la route.
Nous faisons un deuxième arrêt plus concluant à Sainte-Rose du Nord, un joli petit village installé dans une anse du fjord. Petit, animé, avec quelques boutiques d’artisans et une petite jetée : c’est très mignon! Deux petits sentiers nous mènent chacun à un superbe point de vue sur le fjord.
Arrivée à Chicoutimi, Saguenay
Nous arrivons à Chicoutimi en début de soirée. C’est une ancienne ville industrielle qui dégage un certain charme, sans doute en raison de sa riche histoire…Mais ça, vous le découvrirez plus tard!