Road trip 2018, Jours 7 à 9 : La région du Saguenay-Lac Saint-Jean


Culture, La vie icitte, Nature / mardi, septembre 11th, 2018

Alors que je m’apprête à rédiger un septième article au sujet de ce mini-road trip, une évidence s’impose à moi. Vous devez très certainement être tannés de lire ces articles si détaillés jour après jour! Vous devez également vous dire qu’un unique article résumant l’ensemble du voyage aurait largement suffi! Après tout, est-ce que vous avez besoin de savoir qu’on a mangé une salade de tomates face aux chutes de Montmorency ou qu’on a fait une pause pipi au centre d’observation des Bélugas? Non, pas vraiment! Alors aujourd’hui, et aujourd’hui seulement, profitez-en car nous vous offrons TROIS ARTICLES pour le prix d’UN. Oui, vous avez bien lu : Jour 7, Jour 8 et Jour 9 (soit vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 août) réunis en un seul et même article! Et en plus, nous n’avons gardé que le meilleur de notre programme, alors ce n’est que du bonus!

Le Lac Saint-Jean

Le Lac Saint-Jean et les petits villages balnéaires qui le ponctuent mériteraient qu’on leur accorde au moins une semaine complète de villégiature! Malheureusement, nous aurons juste le temps de découvrir le lac en voiture, en le longeant par la route du sud, à l’occasion de notre trajet entre Saguenay et la destination qui suit.

Le Zoo »sauvage » de Saint-Félicien

Si nous avons choisi cette destination, c’est parce que le zoo de Saint-Félicien est réputé pour ses espèces endémiques, en semi-liberté. Si vous voulez voir des animaux typiquement canadiens en milieu naturel, vous êtes au bon endroit! Et le comble, c’est qu’ici, on met les humains en cage. Dociles, nous prenons donc notre place à bord du petit train grillagé et partons pour un parcours d’une heure, à la rencontre:

  • De l’ours noir (appelé ainsi même s’il est parfois brun!)
  • Du loup gris (qui dispose d’un peu moins de liberté car il serait capable de manger les autres animaux),
  • Du caribou (qui perd le velours de ses panaches),
  • De l’orignal (qui fait son timide),
  • Du cerf de Virginie (on n’a pas vu celui de Paul!)
  • Du bison d’Amérique du Nord (maous costaud!)
  • Ou encore du bœuf musqué (qui a mis ses cornes à l’envers aujourd’hui).

Que les choses soient claires : le caribou, c’est un renne. Il a des bois ou panaches, recouverts de velours qu’il perd à la fin de l’été. Le velours étant très vascularisé, cela donne d’ailleurs un spectacle un peu sanglant lorsqu’il se résorbe. Les bois tombent plus tard avant de repousser au printemps suivant. L’orignal, en revanche, c’est un élan (moose en anglais). Ses bois en forme de palme sont beaucoup plus larges que ceux du caribou.

Nous apercevons également des marmottes, des chiens de prairie et une espèce particulière d’humains vissés à leur téléphone pendant la balade (nos voisins de wagon, en l’occurrence). A la fin de cette virée immersive, nous faisons quand même un petit tour dans le reste du zoo, où la place des humains et des animaux est plus classique. Les espaces dédiés aux différentes espèces sont vastes et bien aménagés. Nous assistons à la collation des carcajous, des ratons-laveurs et des loutres d’Amérique tandis que la famille Castor nous montre comment construire un barrage.

Le Musée du Cheddar à Saint-Prime

Sur TripAdvisor, le Musée du Cheddar est jugé comme étant idéal à visiter en cas de pluie (autrement dit, il semblerait que ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais que ça soit un bon exutoire pour occuper les enfants quand le temps est pourri!). Alors que nous sortons du zoo de Saint-Félicien, le ciel se couvre et nous pousse ainsi jusqu’aux portes du musée.

Premier bon point, le musée est situé au sein même d’une fromagerie centenaire dont on peut visiter l’ancien atelier et le logement de fonction, juste au-dessus. Plusieurs générations de la famille Perron ont fabriqué du cheddar ici! C’est aussi un site de production encore en activité, puisqu’un laboratoire plus moderne jouxtant l’ancien atelier a été construit. La visite guidée débute par la projection d’un film sur le procédé de fabrication du cheddar. Ensuite, nous passons à table pour une dégustation de cinq fromages produits sur place, classés par degré croissant d’affinage : on commence par un fromage dit suisse, au goût proche de l’emmental et on finit par un cheddar vieilli de 4 ans. Alors que tout le groupe de visiteurs se délecte du premier échantillon, nous préférons le dernier sans conteste (à noter que nous sommes les seuls français du groupe ; tous les autres sont des québécois retraités)! Nous visitons ensuite l’ancien atelier. Le guide commence sa présentation en affirmant que le meilleur fromage du monde est fabriqué ici. Il s’adresse alors à moi, comme pour obtenir mon approbation : « N’est-ce pas? ». Je lui donne pour seule réponse un raclement de gorge gêné avant de baisser la tête…Non, non, non, je ne peux définitivement pas le conforter dans ses croyances au risque de trahir ma patrie! Le fromage qui pue, c’est quand même bien meilleur! Ensuite, il nous réexplique en détail les étapes de fabrication du fromage et nous apprend:

  • Que la cheddarisation correspond à l’étape de cuisson du fromage;
  • Que la recette du cheddar est d’origine anglaise et que ce sont les colons britanniques qui l’ont apportée dans leurs bagages;
  • Et qu’au début de XXe siècle, le cheddar était le produit le plus exporté depuis le Canada vers l’Europe, après la fourrure, le bois, et la morue séchée!

Aujourd’hui, le fromage préféré des canadiens est le fromage en grains, lequel n’existait pas à l’époque. Normalement, après cuisson, la pâte de fromage est découpée en petits morceaux qui sont ensuite pressés pour constituer une meule. Ce sont ces petits morceaux que l’on appelle le fromage en grains et qui sont vendus aux caisses des supermarchés dans des petites poches en plastique. Ça n’a aucun goût mais le gens en raffolent car ça fait couic couic sous la dent!

Exemple de petit sac de fromage en grainsDernière étape de la visite : on nous propose un atelier pour fabriquer notre propre fromage! Tout commence avec un peu de lait…pasteurisé. Pour accélérer le processus de fabrication, le jus de citron remplace les ferments lactiques habituellement utilisés pour acidifier le lait. Ensuite, quelques gouttes de présure et hop, c’est parti! Le lait commence à se figer. Nous suivons studieusement les consignes de notre jeune animateur : on mélange, on coupe, on brasse, on moule, on presse, on sale etc. Résultat : on obtient un petit fromage plus ou moins rond que l’on pourra goûter à partir de demain matin et à consommer rapidement (seulement 4 jours de conservation). Et maintenant, vous mourrez d’envie de savoir si c’était bon, hein? Et bien figurez-vous que c’était EXCELLENT! Non, je plaisante! Ça ressemblait plutôt à de la fausse mozzarella (celle élaborée à partir de lait de vache pasteurisé) : pas trop de goût, une texture un peu élastique, mais finalement, ce n’est pas si mal pour un fromage fabriqué dans ces conditions!

Cette visite était finalement très intéressante et nous aurait tout autant plu (du verbe plaire) même s’il n’avait pas plu (du verbe pleuvoir)! Elle nous a aussi enfin permis de comprendre pourquoi il y avait aussi peu de fromages au lait cru ici. En 2008, le Canada est touché par la crise de la listériose, encore présente dans les esprits 10 ans après les faits. En l’espace de quelques semaines, des milliers de canadiens tombent malades et une vingtaine décède, après avoir consommé viandes et fromages contaminés par différentes souches de listeria. Suite à ce scandale, le gouvernement canadien durcit la loi et impose entre autres la pasteurisation du lait. Il est toutefois toujours possible de produire des fromages à base de lait cru mais cela exige une démarche de certification en amont et implique des contrôles des sites de production beaucoup plus réguliers et sévères. Très peu de fromagers ont eu les reins assez solides pour conserver leur activité en l’état. C’est pourquoi les fromages au lait pasteurisé ont désormais le monopole ici, au grand dam de notre palais de français mangeurs de moisissures. Vous imaginez si une telle loi passait en France?

Parc National de Saguenay: La Baie Éternité

Pour découvrir pleinement le fjord du Saguenay, quoi de mieux qu’une belle randonnée? Parmi tous les sentiers aménagés de la région, nous choisissons le sentier de la Statue, un parcours de 7,6 km aller-retour qui doit nous conduire aux pieds de Notre-Dame de Saguenay. Nous sommes ici dans le secteur de la Baie Éternité, sur le Cap de la Trinité.

Nous partons de bon matin, au frais, priant les nuages de bien vouloir s’éclipser le temps que nous arrivions là-haut. Le parcours affiche un niveau intermédiaire, car c’est particulièrement raide, surtout au début. Après un peu plus d’une heure de marche, nous arrivons au pied de la statue, qui nous toise du haut de ses 9 mètres. Les nuages tardent à exaucer nos prières. Le soleil se fait pourtant violence et finit par percer pour nous offrir une vue magnifique sur le fjord. Sur le chemin du retour, nous croisons plusieurs familles avec des petits randonneurs bien courageux. Une petite fille se débrouille comme elle peut pour grimper avec ses des bottes arc-en-ciel en plastique tandis qu’un peu plus loin, un homme a entrepris l’ascension en costume de ville (mais sans cravate).

Parc National de Saguenay: L’Anse Saint-Jean et l’Anse de la Tabatière 

Après notre randonnée à la Baie Éternité, nous poussons un peu plus loin en voiture pour découvrir l’anse Saint-Jean puis l’Anse de la Tabatière en voiture. Nous traversons ainsi de jolis petits villages aux maisons colorées et nous passons même par un pont couvert (celui que nous avons vu à Charlevoix n’était donc pas le seul!).

Saguenay et la pulperie de Chicoutimi

Samedi soir. C’est notre dernière soirée avant de reprendre la route vers Montréal demain. Nous faisons un petit tour dans la zone portuaire de Saguenay, puis nous choisissons un petit resto en ville. Nous trinquons à notre road-trip, avec un mojito aux bleuets, en parlant déjà de notre prochain voyage!

Dimanche matin. Nous passons en coup de vent sur le site de la Pulperie de Chicoutimi, un lieu chargé d’histoire. Installé au bord de la rivière Chicoutimi (qui signifie en langage amérindien « jusqu’où c’est profond »), le site était à l’époque dédié à la transformation du bois en pâte à papier.

Il est temps de prendre la route. Nous laissons le fjord derrière nous et retrouvons sur trajet du retour le massif de Charlevoix puis la ville de Québec. Les derniers kilomètres seront finalement les plus longs à parcourir, en raison de la circulation. Nous arrivons sur Montréal, en plein défilé de la Fierté (autrement dit la Gay Pride) puis regagnons notre rue, où des taxis New-Yorkais ont investi les lieux à l’occasion du tournage d’une série télé. Pas de doute, nous sommes bien de retour à la maison! Jc se gare devant la maison, coupe le moteur et regarde le compteur. Nous avons parcouru 2 124 km en 9 jours! Whaou! Pas mal! Et dire qu’il faut déjà reprendre le chemin du travail demain…

A quand les prochaines vacances?

 

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