Nous sommes désormais des lufavores !


Gastronomie & cie, La vie icitte / dimanche, avril 29th, 2018

Vous connaissez tous le système des paniers « bio » hebdomadaires; un commerce alternatif de plus en plus en vogue en France et au-delà. Et bien en début d’année, nous avons découvert un système équivalent à Montréal, proposé par les Fermes Lufa (prononcez « Loufa »), qui nous a plutôt séduit.

 

En adhérant à ce système, nous sommes officiellement devenus lufavores (mais pas indéfiniment, car on peut se désabonner). C’est en recevant le message de confirmation de notre adhésion que nous avons découvert ce terme : « le Lufavore est un résident local qui mange des légumes provenant des toits. C’est un amateur de nourriture fraîche, locale et responsable. C’est quelqu’un qui croit que l’agriculture durable est l’idée la plus emballante depuis le bouton à quatre trous. » 

Nous avons tenté plusieurs fois l’expérience de ce panier hebdomadaire et jusqu’ici, nous en avons toujours été satisfaits.

Notre premier panier Lufa

Parallèlement, fin avril, nous avons reçu une invitation des Fermes Lufa pour visiter leurs serres de Montréal, à l’occasion du Jour de la Terre. Curieux d’en apprendre plus, nous nous y sommes donc rendus et voilà ce que nous avons retenu de cette visite très intéressante.

A l’origine, deux génies un peu fous, l’un plutôt porté sur l’écologie et l’environnement et l’autre calé en agronomie, ont eu l’idée de développer une agriculture locale et responsable, pour proposer aux citadins des produits qui n’auraient pas fait des milliers de kilomètres avant d’arriver dans leur assiette. Mais où s’installer? C’est là qu’ils ont eu l’idée de mettre en place des serres sur les toits de bâtiments déjà existants, à Montréal. Les fermes Lufa ont ainsi créé les premières serres commerciales sur toit en Amérique du Nord (et même avant les Etats-Unis!).

Voici les piliers de leur concept, qui reprennent les principes de l’agriculture hydroponique :

  • Ne pas utiliser de terre (pour ne pas gaspiller cette matière devenue trop rare et/ou déjà polluée; et parce que le poids de la terre ne serait pas compatible avec une installation sur un toit). A la place, les plants se développent sur des substrats à base de coco (qui sont recyclés par la suite). Ensuite, les plantes sont nourries grâce à une eau enrichie en nutriments naturels et sels minéraux. Le fait de ne pas utiliser de terre implique que les serres ne peuvent pas cultiver de légumes racines (comme des carottes par exemple), ou de tubercules (pommes de terre). Mais la production reste malgré tout variée, avec des tomates, des aubergines, des concombres, des poivrons, des salades, des fines herbes, des micro-pousses etc.
  • Réduire la consommation en énergie. Une serre installée sur un toit présente l’avantage d’emmagasiner plus rapidement et facilement la chaleur apportée par les rayons du soleil. Il n’est donc pas nécessaire de chauffer (ou alors moins, et seulement avec du chauffage au gaz naturel). La serre retransmet une partie de la chaleur aux étages inférieurs du bâtiment qui ont moins besoin de chauffer. L’été, la serre sert de zone tampon aux étages inférieurs, qui souffrent moins de la chaleur et qui peuvent ainsi réduire l’utilisation des climatiseurs…
  • Le recyclage de l’eau. Les plants sont irrigués par des systèmes de canalisations incluant un circuit récupérateur d’eau. Les eaux de pluie sont également collectées et filtrées pour alimenter la serre. Une même eau est utilisée plusieurs fois grâce à ces différents circuits avant d’être éliminée.
  • L’absence d’utilisation de pesticides, d’herbicides et de fongicides, en ayant recours à « lutte biologique ». Des coccinelles et des gentils bourdons travaillent quotidiennement dans la serre et s’attaquent ainsi aux insectes nuisibles et aux parasites.
  • Le compostage. La serre recycle un maximum de ses déchets et les transforme en compost qu’elle fournit par la suite à la ville ou revend aux lufavores.
  • La lutte contre le gaspillage. Chaque semaine, les travailleurs de la serre ne récoltent que ce qui a été commandé par les lufavores. Lorsque certains produits arrivent massivement à maturité, alors la ferme propose des rabais pour écouler les stocks. Et si jamais il y a des restes, alors la serre en fait don à des associations caritatives.

Bon, c’est bien gentil tout ça mais est-ce que c’est « bio »? Officiellement, non, mais c’est plus pour une question d’ordre sémantique que méthodologique. En effet, pour l’instant, ce type d’agriculture (hydroponique) n’est pas éligible à la certification « bio » car la réglementation canadienne impose que les produits soient cultivés en terre, ce qui n’est pas le cas ici…

Côté Lufavore, comment ça marche? Vous vous inscrivez sur le site et vous choisissez le point de collecte le plus proche de chez vous (et il y a du choix!). Chaque semaine, trois jours avant le jour de la « cueillette », c’est-à-dire le jour de livraison de votre panier à ce point de collecte, vous recevez un message vous indiquant que le « marché est ouvert ». Vous pouvez alors vous rendre sur le site Internet des Fermes Lufa, où un panier a déjà été constitué par défaut, avec les produits phares du moment, pour un montant proche de 30 dollars. L’aubergine est à l’honneur cette semaine mais vous détestez ça? Pas de souci, vous pouvez la supprimer de votre panier. Tout ce qu’on vous demande, c’est que votre panier fasse au minimum 15 dollars. Ensuite, vous pouvez compléter votre panier, en y ajoutant tout ce dont vous avez envie, parmi les milliers de produits proposés sur le site. En effet, face à l’augmentation de la demande, les fermes Lufa ont souhaité varier leur offre et se sont associées avec des producteurs et des artisans locaux, pour proposer, en plus des légumes de la serre, du pain, de la viande, des produits laitiers etc. Il y a aussi un réseau avec des producteurs un peu moins locaux (comme pour les bananes) mais qui ont une démarche équitable et éco-responsable.

Ensuite, vous avez jusqu’à minuit, à la veille du jour de livraison de votre panier, pour valider votre commande. Et à 00h01, « la magie opère » (je reprends les termes du site). Les équipes de nuit de la serre récoltent vos petits poivrons et votre salade, le boulanger allume son four et commence à pétrir la pâte de votre pain, et le boucher découpe les morceaux de viande que vous avez choisis! Quelques heures plus tard, en fin d’après-midi, un message sur votre téléphone vous indique que votre panier à été livré à votre point de collecte. Il ne vous reste plus qu’à profiter de vos produits frais!

Pas le temps d’aller chercher votre commande cette fois-ci? Vous pouvez vous faire livrer votre panier à domicile (en voiture électrique!). Et plus important encore, vous n’êtes pas obligés de commander systématiquement un panier chaque semaine (vous pouvez « suspendre » votre commande autant de fois que vous le souhaitez, ce qui n’est pas souvent le cas dans les systèmes classiques de paniers bio).

Côté prix, certains produits sont parfois beaucoup plus chers que dans les commerces plus classiques mais en règle générale, les prix sont à peu près équivalents. Après, cela reste une question d’équilibre entre ce que nous dicte notre conscience d’une part et ce que nous autorise notre porte-monnaie d’autre part!  Parfois, je vais acheter mes concombres libanais à 4 dollars aux fermes de Lufa (en sachant qu’ils ont été cueillis le matin même, à maturité) et parfois, je me laisse tenter par des concombres libanais en promotion à 99 centimes au magasin du coin, même si je sais qu’ils ont sûrement ramené des pesticides et du kérosène avec eux depuis le Mexique! Pour l’instant, c’est comme ça…On compose avec ce que l’on a pour faire de son mieux !

2 réponses à « Nous sommes désormais des lufavores ! »

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