Cape Cod. Le nom de ce lieu vous rappelle sans doute quelque chose, mais vous ne savez plus d’où cela vient. Peut-être était-ce dans une histoire de meurtre imaginée par la célèbre romancière Mary Higgins Clark? Peut-être avez-vous déjà vu un reportage vous apprenant que le clan Kennedy venait y passer ses vacances d’été? Ou peut-être avez-vous le vague souvenir d’un cours d’histoire sur l’arrivée des Pèlerins à bord du Mayflower, venus ici pour fonder ce qui deviendrait plus tard les Etats-Unis?
Pour ma part, j’avoue qu’avant de vivre à Montréal, je ne connaissais rien à Cape Cod. Il aura fallu attendre la découverte impromptue d’une marque de chips du même nom et surtout le précieux conseil d’une collègue pour éveiller notre intérêt (vous comprendrez la référence aux chips ultérieurement). Cape Cod est en fait une péninsule de l’Etat du Massachusetts, située à une centaine de kilomètres au sud-est de Boston. Plages de sable fin, vagues de l’océan et villages pittoresques constituent les atouts principaux de ces lieux. Dans les années 60-70, c’était la destination privilégiée de la haute société New-yorkaise et Bostonienne et les plus riches se faisaient même construire d’immenses villas au bord de la plage comme résidence secondaire. Toutefois, la clientèle s’est peu à peu démocratisée depuis…
A l’occasion de notre week-end dans le Massachusetts (voir nos deux articles sur Boston ici et ici), nous avons souhaité faire un « crochet » par Cap Code (le comble, pour une péninsule de la même forme) pour y consacrer notre dimanche. Pour gagner du temps, nous arrivons la veille au soir à Hyannis, village important du cap, connu en particulier pour son port de plaisance et son mémorial dédié à John Fitzgerald Kennedy. Déjà tout petit, le futur 35e président des Etats-Unis passait tous les étés ici, auprès de ses frères et sœurs, dans la grande propriété achetée par son père. Plus tard, il achète sa propre maison de famille à Hyannis, depuis laquelle il prépare sa campagne présidentielle, avant d’en faire sa résidence officielle d’été une fois élu…
Dimanche matin. Grand ciel bleu, soleil éclatant, 20 degrés affichés au mercure. Notre « dimanche à la plage » s’annonce prometteur. Nous faisons un premier arrêt à Sandwich pour prendre un petit déjeuner sur un banc, qui surplombe la plage.
Sans doute pensez-vous qu’il aurait été plus original de manger un sandwich à Sandwich mais nous ne sommes pas fans du jambon/beurre/cornichons à 8 heures du matin. Face à nous: la dune et des marais salants, caractéristiques des lieux. Le ponton qui mène à la plage porte des noms ou des messages gravés dans le bois. Près du ponton, un panneau pour le moins inquiétant signale aux baigneurs la présence de requins! Gloups!
A ce sujet, saviez-vous que le film de Spielberg « Les Dents de la Mer » avait été tourné à Martha’s Vineyard, une île située juste au sud de Cape Cod ? Aujourd’hui encore, il est possible de visiter « Amity Island » (nom fictif de l’île dans le film) pour découvrir les lieux du tournage ou voir d’anciens décors (le pont, le centre-ville, l’épave du bateau etc.).
Après ce premier arrêt à Sandwich, nous sommes déjà sous le charme de Cap Code. Nous poursuivons notre route et multiplions les arrêts au bord des différentes plages ou à l’intérieur des petits villages qui sillonnent le cap : Grays Beach, Dennis, Brewster puis Orléans (mais pas celui du Loiret!).
A Orléans, nous nous arrêtons chez Sir Cricket’s pour acheter de quoi pique-niquer. Au menu : des Lobster Rolls et une Clam Chowder Soup. Et oui, il faut bien goûter aux spécialités locales pour ne pas mourir idiot…surtout si on se fait bouffer par un requin plus tard! Le Lobster Roll est un sandwich composé de pain à hot-dog brioché et d’une salade de chair de homard, liée par une mayonnaise. Nous en avons déjà mangé à Montréal, mais comme chaque région a sa propre recette et qu’ici le homard est pêché en Atlantique et non dans le Saint-Laurent, nous nous devons de re-goûter pour voir la différence. La Clam Chowder ou chaudrée de palourdes est une soupe traditionnelle épaisse, à base de crème, de lait, de pommes de terre et bien sûr de palourdes. Au Quincy Market de Boston, où nous avons mangé la veille, cette soupe était directement servie dans une miche de pain en guise de bol! Nous nous installons au pied d’un moulin à vent restauré pour déguster notre copieux et délicieux repas.
Avant de rejoindre notre prochaine destination, nous filons en vitesse acheter un paquet de chips (vous allez bientôt comprendre pourquoi). A l’intérieur du supermarché, JC se fait aborder par un étrange d’employé..
Nous reprenons la route et arrivons à Eastham, ce qui marque notre entrée dans le Cape Cod National Seashore (CCNS), un territoire de 177 km² déclaré comme site naturel protégé par JFK le 7 août 1961. Le site étant géré par le National Park Service, il ne faudra pas s’étonner de croiser des Rangers en chemin. Direction Nauset, pour voir le phare le plus célèbre de Cap Code. Composé d’une tour peinte en rouge et blanc, surmontée d’une lanterne noire, le Nauset Light est un phare toujours actif. A l’origine, les marins se laissaient guider par les « Three Sisters » de Nauset, trois petits phares en brique. Cependant, les sœurs ont fini par tomber à la mer, poussées du haut de la falaise par l’érosion! Elles ont été temporairement remplacées par trois phares en bois mais ces derniers ont finalement été déplacés (plus facile, quand c’est en bois!) car ils menaçaient de subir le même sort. On dirait l’histoire des 3 petits cochons à l’envers, non? Heureusement, les trois petits phares en bois n’ont pas été remplacés par un phare de paille mais par Le Nauset Light, installé à un emplacement plus adapté.
C’est le moment pour vous de comprendre cette histoire de chips, et pour JC de s’adonner à un petit tour de magie..
Après avoir fait le tour du phare, nous rejoignons la plage de Nauset. Pas après pas, nos sens s’éveillent et les souvenirs d’enfance de vacances passées au bord de l’océan surgissent de notre mémoire : le bruit des vagues, la sensation du sable sous nos pieds, le parfum si particulier des immortelles, les panneaux signalant la présence de requins etc.
Alors que nous profitons de la vue, une petite tête noire jaillit de l’eau, avant de disparaître aussi furtivement qu’elle est apparue. C’est un sea lion qui fait le petit fou dans les vagues! Dès lors, nous guettons les rouleaux d’écume, à l’affût de la prochaine tête d’otarie qui fera surface. C’est à celui qui en verra le plus ! Finalement, nous parvenons à en apercevoir une bonne dizaine chacun mais il faudra nous croire sur parole, car vous ne verrez rien sur les photos! Quelques nageurs téméraires se baignent (témérité plus liée à la fraîcheur de l’eau qu’à la présence de requins, quasi improbable à cette distance de la plage) tandis que JC se risque à tremper quelques orteils dans l’eau.
Changement total de décor avec notre prochain arrêt, à Wellfleet, pour découvrir l’univers mystérieux des marécages qui caractérisent Cape Cod, au même titre que ses dunes et ses étangs. Nous empruntons l’Atlantic White Cedar Swamp Trail, un sentier pédestre en boucle de 2 km, bordé de cèdres blancs dont les « pieds » baignent dans des eaux rougeâtres. Seuls au monde, nous sommes d’abord plongés au milieu des bois avant d’atteindre les marécages grâce à un ponton en bois. Au premier bzz chatouillant nos oreilles, nous dégainons notre crème répulsive même si le moustique n’est pas l’ennemi N°1 des lieux. En effet, comme l’indiquent les pancartes à l’entrée du sentier, ici, ce titre est plus largement attribué à la tique et au poison Ivy (ou herbe à puce) une plante toxique provoquant des irritations cutanées...
Nous terminons notre balade à Wellfleet en passant devant la Marconi Wireless Station, le site où a eu lieu la première télécommunication sans fil entre l’Europe et les Etats-Unis, en janvier 1903, entre le Roi Edouard VII et le président Théodore Roosevelt. On doit cet exploit à Guglielmo Marconi, un physicien italien, considéré comme l’un des inventeurs de la radio et de la télégraphie sans fil. Huit ans plus tard, c’est ici aussi que des messages auraient été échangés avec le Titanic, alors en plein naufrage, ce qui aurait permis de sauver des vies. Les exploits de Marconi sont présentés avec fierté par les différents panneaux pédagogiques de la station…Pourtant, aucun d’entre eux ne précise que les travaux de Marconi étaient directement (et illégalement) inspirés de brevets déposés par un certain Nikola Tesla, ce qui le n’empêcha pas de décrocher un prix Nobel (lequel sera invalidé quelques années plus tard par la Cour Suprême des États-Unis).
Notre dernière destination de la journée se trouve à la pointe extrême de Cape Cod. Provincetown, aussi surnommée P-Town est une destination de villégiature réputée pour ses plages, le charme de ses petites rues, ses nombreuses galeries d’art…et surtout sa large communauté gaie (une des plus importantes des Etats-Unis) et ses spectacles de Drag Queen! Provincetown est également connue pour son histoire. En effet, c’est ici que le Mayflower jette les amarres en 1620, avec à son bord, une majorité de Pèlerins (Pilgrims en anglais) fuyant l’Angleterre, à la recherche de nouveaux horizons pour vivre leur religion librement. Initialement, leur objectif était d’atteindre les eaux de l’Hudson, mais la menace d’une tempête les contraint à arrêter leur voyage sur les rivages de Cape Cod. Ils décident alors de s’installer ici, mais au bout de cinq semaines à peine, ils réalisent que le climat et la salinité du sol ne sont pas compatibles avec leurs pratiques agricoles. Les Pèlerins se retranchent alors sur le continent où ils fondent la ville de Plymouth et où ils deviendront les ancêtres des futurs américains des Etats-Unis.
Justement, en arrivant à Provincetown, nous nous garons au pied du Pilgrim’s Monument, érigé en mémoire des Pèlerins au début du XXe siècle. Cette tour de 77 mètres est la plus haute structure faite entièrement de marbre aux Etats-Unis. Dommage, nous arrivons trop tard pour gravir les 116 marches de la tour et visiter le musée. Nous finissons alors la journée en flânant dans les petites rues de Provincetown, avant de rentrer tranquillement à notre motel de Hyannis Port. Wahou, quelle journée!
Lundi matin. Nous avons été tellement enthousiasmés par notre dimanche à Cape Cod, qu’il est presque difficile de se décider à reprendre la route vers Boston. Pourtant, il ne faut pas trop tarder car nous devons encore visiter le campus de Harvard et du M.I.T, avant de rentrer à Montréal. Qu’à ne cela tienne, on rentrera quand on rentrera! Allez hop, direction la plage, pour un petit déjeuner improvisé sur le sable, avec pour seuls voisins, quelques sea lions matinaux et des chaises de plages abandonnées. Cela aurait été dommage de se priver d’un moment comme ça, non?!
Merci pour ce nouveau reportage! On se couchera moins bête avant d’avoir tout oublié demain:) La clam chowder: trop trop bon!