Rencontre VIP avec les animaux sauvages du Canada


Insolite, Nature / vendredi, septembre 20th, 2019

Aujourd’hui, nous vous proposons de vivre une aventure « bestiale » à Montebello, près d’Ottawa. Vous êtes partants? Alors direction le Parc Oméga, un parc animalier pas comme les autres!

Avant toute chose, sachez que pour parcourir le Parc Oméga, vous aurez besoin d’un accessoire indispensable. Qu’est-ce qui a quatre roues, un volant et qui fait vroum vroum? Une voiture! En effet, le Parc Oméga est un parc animalier qui se visite en voiture et dans lequel les animaux vivent en semi-liberté. L’idée, c’est que c’est vous qui êtes enfermés dans votre voiture, pendant que les occupants du parc se promènent comme bon leur semble. Attention, si vous vous attendez à voir des lions, des éléphants et des singes se pavaner devant vous, vous serez déçus. Le Parc Oméga abrite exclusivement des espèces d’Amérique du Nord, qui vivent ici dans leur milieu naturel. Préparez-vous donc à rencontrer des caribous, des cerfs de Virginie, des bisons etc.

En plus d’une voiture, vous aurez besoin d’autre chose pour parcourir les 15 kilomètres de circuit qui serpentent le parc. Ce n’est pas obligatoire mais cela facilitera grandement votre progression sur place. Un indice? C’est orange, pointu et ça croque sous la dent. Des carottes! En effet, vous serez autorisés et même encouragés à nourrir les animaux avec des carottes que vous pourrez acheter à l’entrée du parc (mais si comme nous, vous êtes prévoyants, apportez vos propres carottes, ça vous coûtera moins cher!). Ainsi, à peine le guichet officiel du parc franchi, vous vous retrouverez à une autre forme de guichet, plus officieux. Vous tomberez nez à nez (ou plutôt nez à museau) avec une bande de douaniers à quatre pattes (très probablement des wapitis) qu’il faudra soudoyer (en carottes) pour pouvoir continuer votre chemin. Pour vous acquitter de votre droit de passage, voici la procédure à suivre : roulez doucement jusqu’au premier douanier, baissez votre vitre, tendez une carotte du bout des doigts en direction de l’animal et profitez du spectacle. Vous aurez tout le loisir d’entendre la carotte se faire croquer tout en découvrant avec stupeur l’imposant appareil bucco-dentaire du wapiti. Répétez l’opération avec le wapiti suivant etc. Attention, veillez à ne pas trop baisser la vitre de votre voiture, au risque de vous retrouver avec la tête entière d’un wapiti dans l’habitacle ! Si vous êtes chanceux, vous aurez droit à un lavage écologique de vos vitres en échange de votre offrande. Méfiez-vous toutefois des léchages trop généreux et aux filets de bave susceptibles de couler à l’intérieur de la voiture…

Une fois cette étape franchie, prenez le temps de vous arrêter pour regarder autour de vous. Vous êtes ici au cœur d’un parc naturel orné de façades rocheuses, d’épaisses forêts et de grands lacs au bord desquels canards, hérons et oies sauvages viennent se nourrir en nombre.

Ne craignez pas de tomber sur un sanglier. A la vitesse à laquelle vous roulez, impossible que ce mastodonte ne vienne heurter votre capot. Vous croiserez certainement une laie, occupée à fouiller le sol pendant que ses petits sautent dans tous les sens, comme s’ils étaient montés sur ressort!

Si ce n’est pas déjà fait, allumez la radio et branchez-vous sur la FM 90.1. La station du Parc Oméga vous permettra d’en apprendre plus sur le parc et ses animaux, à travers différents reportages diffusés en boucle. Vous y découvrirez ainsi l’histoire de Brume, l’orignal (élan) qui n’aimait pas être seul. Cet orignal, recueilli par le parc alors qu’il était tout petit, a dû être nourri au biberon et surveillé de près pour être sauvé. Lorsque Brume a repris des forces, les soigneurs ont pris leurs distances mais ont vite réalisé que le petit orignal s’ennuyait sans eux. Pour lui tenir compagnie, ils lui ont alors trouvé un colocataire avec qui le courant est très bien passé : Copain, une petite chèvre noire. Depuis, Brume et Copain sont inséparables!

Brume n’est pas le seul animal du parc à avoir été élevé au biberon. C’est également le cas de nombreux wapitis et cerfs de Virginie, eux aussi recueillis alors qu’ils étaient tout petits et affaiblis. Toutefois, vous apprendrez par la radio que certains cervidés sont parfois « sauvés » par des promeneurs pensant bien faire, alors que leur vie n’étant pas en danger. Trouver un faon seul au milieu de la forêt ne signifie pas nécessairement qu’il a été abandonné par sa mère ou qu’il est orphelin. Quand elle va chercher de la nourriture, la biche laisse volontairement son petit à l’abri, pour le retrouver quelques heures plus tard. C’est un moyen de le protéger. Le Parc Oméga vous rappelle ainsi qu’il vaut mieux parfois passer son chemin et ne pas tenter d’actes faussement héroïques. La plupart des animaux élevés au biberon ici donnent naissance à des petits qui seront à leur tour élevés au biberon, ce qui explique pourquoi les cervidés du parc sont habitués à la présence de l’homme et ne craignent pas de vous approcher.

Un peu plus loin dans le parc, vous atteindrez les plaines sur lesquelles les oies sauvages côtoient avec nonchalance les bisons d’Amérique et les bœufs musqués. Les bisons n’étant pas farouches, ils n’hésiteront pas à venir vous saluer de leurs belles cornes incurvées. Vous prierez alors pour vous en sortir sans une égratignure ou plus exactement sans la moindre rayure sur votre voiture. Sachez d’ailleurs que le parc décline toute responsabilité en cas de carrosserie abîmée par un de ses occupants!

Après les bisons, partez à la rencontre des caribous. Au premier regard, vous ne pourrez pas forcément distinguer les mâles des femelles car ces dernières sont les seules parmi toutes les espèces de cervidés à porter des bois. Toutefois, la ramure de ces messieurs est généralement plus imposante. Les caribous, comparables à nos rennes européens, sont particulièrement bien adaptés aux climats rigoureux. Leur épaisse fourrure est constituée de poils creux qui emprisonnent l’air et retiennent ainsi la chaleur émise par le corps. Leurs sabots s’élargissent en hiver pour faciliter les déplacements dans la neige et le « pelletage » du sol pour y trouver de la nourriture. Leur petite crinière blanche fixée en avant du cou vous donnera sûrement envie de jouer au jeu de la barbichette avec eux. Si vous tendez l’oreille, vous remarquerez très certainement le « clic-clic » qu’émettent les caribous en marchant. Ce bruit très caractéristique est lié à un tendon du genou qui claque à chaque pas de l’animal. C’est un moyen pour eux de se repérer les uns par rapport aux autres lors des flux migratoires, notamment en pleine tempête de neige.

Les cerfs de Virginie occupent une place privilégiée dans le cœur des Canadiens. Avec leur ramure majestueuse, leurs yeux doux et leur museau humide, difficile de ne pas craquer! Veillez à respecter les consignes données par le parc et à ne pas nourrir les mâles qui peuvent se montrer agressifs en cette période précédant le rut. Certains mâles arborent déjà de magnifiques bois tandis que d’autres n’en ont encore que les prémices. Lorsque les bois poussent, ils sont très sensibles car très vascularisés. Le moindre choc, contre un arbre par exemple, est donc très douloureux! Il faut attendre que les bois atteignent leur maturité pour qu’ils durcissent entièrement et se transforment en arme de combat contre un potentiel rival. En parlant de rivalité, lorsqu’il s’agit de conquérir le cœur de ces dames, les mâles n’adoptent pas la même stratégie, selon leur expérience. Les plus jeunes ont tendance à suivre ce que leur dictent leurs hormones et à commencer le rut précocement, alors que les femelles n’ont pas encore la tête à « ça ». Sages et avertis, les mâles plus âgés savent qu’il faut attendre le moment idéal avant de commencer toute approche, afin qu’un maximum de femelles soient prêtent à les accueillir. Malin!

Si la plupart des occupants du parc évoluent ici en semi-liberté, d’autres animaux doivent rester parqués, comme le loup gris, le coyote ou encore l’ours brun. Ils jouissent toutefois d’espaces de vie très vastes, ce qui leur permet de se cacher lorsqu’ils ne sont pas disposés à vous saluer. Il est toutefois possible que vous croisiez un ours sur votre chemin…Dans ce cas, vous saurez que vous avez affaire à un pique-assiette, à savoir un ours sauvage venu faire son marché à l’intérieur du parc. Quelques coyotes se faufilent aussi à travers les clôtures du parc et choisissent un wapiti pour en faire leur quatre-heures. C’est la loi de la nature…et la politique du Parc Oméga est de ne pas lutter à tout prix contre ça.

Aouuuuh! C’est l’heure de faire connaissance avec les loups du parc et notamment avec le loup gris, le plus grand canidé d’Amérique du Nord. Saviez-vous que cet animal vit en meute hautement hiérarchisée au sein de laquelle les individus ont un statut bien défini? Le couple alpha est le couple dominant de la meute. C’est lui qui prend les décisions pour la survie de la meute, en termes de déplacements, d’organisation des « repas », d’occupation du territoire. Après la chasse, il mange toujours en premier. C’est le seul couple à pouvoir se reproduire. La tanière d’un loup (un trou d’un mètre de diamètre creusé sous terre et relié à la surface par un tunnel d’une dizaine de mètres) est d’ailleurs exclusivement réservée à la femelle alpha pour qu’elle donne naissance à ses petits. Le mâle et la femelle alpha ont généralement le même niveau d’autorité mais Madame peut également avoir le dessus sur son mari. Juste en dessous, le couple beta dispose également d’une certaine autorité sur le reste du groupe. Il a pour mission de protéger le couple alpha et de prendre la relève si ce dernier venait à disparaître. Les loups gamma occupent une place encore inférieure dans la hiérarchie. Les loups beta leur transmettre les ordres émanant du couple alpha. La position la moins enviable revient aux loups omega, tout en bas de la hiérarchie. Ils sont dominés par tous les autres loups de la meute, à qui ils servent généralement de souffre-douleur. Les loups omega mangent toujours en dernier et uniquement les restes de carcasses que les autres auront bien voulu leur laisser.  On les reconnaît aisément à leur allure : rasant le sol, oreilles baissées, la queue entre les jambes, toujours en retrait…Même si le loup restera toujours mystérieux à vos yeux, vous vous réjouissez d’avoir appris à le connaître un peu mieux aujourd’hui.

Il vous reste encore quelques kilomètres à parcourir à l’intérieur du parc. Profitez-en pour écouler votre stock de carottes auprès des derniers occupants du parc. Les daims vous bouderont peut-être, préférant rester sur le bas-côté, à digérer les kilos de carottes déjà engloutis depuis le début de la journée.

Même si la légitimité des parcs animaliers fait débat aujourd’hui, vous quitterez les lieux convaincus de la sincérité de la démarche du Parc Oméga, dans sa recherche du juste équilibre entre le bien-être des animaux et le plaisir du visiteur de pouvoir les observer.

Sur le trajet du retour, confortablement installés dans votre voiture, vous roulerez tranquillement en repensant à cette belle journée…peut-être avec un peu de bave de wapiti sur les vitres et quelques carottes égarées sous votre siège ;-). Vous aurez ainsi pleinement vécu votre expérience au Parc Oméga!

 

Une réponse à « Rencontre VIP avec les animaux sauvages du Canada »

  1. Je me coucherai moins bête ce soir! Pour les caribous et les loups, j’ignorais tout ça!
    Merci beaucoup pour ce beau reportage!

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