Coaticook, la Perle des Cantons


Nature / dimanche, septembre 1st, 2019

Coaticook à la fois le nom d’une ville des Cantons-de-L’Est et le nom de la rivière qui la traverse (lire l’introduction sur les Cantons ici).

« Coaticook » vient de « Koatikeku » qui signifie « Là où la rivière est bordée de pins blancs » en langage autochtone.  Surnommée La Perle des Cantons-de-L’Est, cette destination est particulièrement connue pour son relief, puisqu’au fil des millénaires, la rivière a creusé la paroi rocheuse en une gorge de plus de 50 mètres de profondeur. Cette topographie est à l’origine de l’histoire et du développement économique de la ville, notamment grâce à la construction de barrages et de moulins dédiés à la transformation du bois, à l’industrie textile et métallurgique. Au XXe siècle, la ville profite de ces barrages pour installer des turbines et commencer à produire sa propre électricité. Aujourd’hui encore, Hydro-Coaticook fournit une partie de l’électricité aux habitants de Coaticook, ce qui constitue une source de fierté et de profits non négligeables pour la ville.

Mais si les visiteurs s’arrêtent à Coaticook, ce n’est pas pour ses lumières (quoique…) mais plutôt pour ses autres attraits touristiques, que nous vous proposons de découvrir ici.

Coaticook et son pont suspendu inscrit au livre des Records Guinness 

Le Parc de la Gorge de Coaticook est particulièrement bien aménagé. Il propose différents parcours accessibles à tous les niveaux (poussettes et chiens compris, ce qui est assez rare ici pour le souligner!) sur une vingtaine de kilomètres. On peut également séjourner quelques jours sur place, dans un camping à la clientèle plutôt familiale.

L’attrait principal de ce parc est son pont suspendu. Inauguré en 1989, ce pont pédestre a été homologué par le Guinness des Records comme le pont pédestre suspendu le plus long du monde : 169 mètres de long, pour une hauteur de 50 mètres. Malheureusement, depuis, il a été détrôné par un pont népalais ou japonais, on ne sait pas trop (pour en savoir plus, c’est par ici).

Alors oui, un pont suspendu, ça correspond bien à ces ponts en bois que l’on voit dans ces films à la Crocodile Dundee ou Indiana Jones. Je suis sûre que vous avez ce genre de scènes en tête : pourchassé par ses ennemis, le héros du film se voit contraint de traverser un pont dans un état douteux, au milieu de la jungle. C’est sa seule issue. Le pont se balance de manière hasardeuse au fur et à mesure que le héros avance. Certaines lattes de bois se brisent même sur son passage. Le méchant, qui arrive généralement au pied du pont lorsque le héros a presque atteint son but, se contente se sortir sa machette d’un air diabolique, pour couper les cordes qui soutiennent le pont, espérant faire tomber sa proie dans le vide. Mais heureusement, même s’il doit finir sa course en escaladant la paroi rocheuse, le héros s’en sort toujours bien!

Quand nous avons traversé ce pont, nous avons eu le même effet…Enfin, juste cette impression d’être balloté de gauche à droite et de droite à gauche. Rassurez-vous, pour le reste, c’était du solide et nous n’avions aucun méchant à notre poursuite.

Sur certains tronçons, la gorge est peu profonde et sèche, ce qui la rend accessible à pied. Sur place, des centaines de Inukshuit (inukshuk au singulier) ont été construits puis laissés par les passants. Inuk quoi? Il s’agit de ces statues faites de pierres empilées, et d’apparence humaine. On en voit beaucoup au Canada (devant les maisons, dans les musées, dans la nature!) car ces empilements sont symboliques de l’art inuit mais tout le monde peut en faire. Historiquement, les Inukshuit étaient utilisés par les Inuits pour délimiter un territoire, signaler une réserve de nourriture, indiquer la direction d’un village (par exemple, avec un bras plus long que l’autre qui pointait la direction à suivre) et même pour chasser le caribous (la statue servant alors d’épouvantail, pour conduire progressivement l’animal vers un cul de sac).

Le reste du parc est très intéressant à découvrir, notamment grâce à ses panneaux d’interprétation. Selon le sentier choisi, il est possible de voir un ancien barrage, de gravir les 120 marches d’une tour d’observation, de rentrer dans une grotte (creusée pour communiquer avec la centrale), de passer sous un pont couvert etc. Bien sûr, nous n’avons pas pu tout voir!

Coaticook et sa forêt enchantée

Ce que j’ai oublié de vous dire dans le paragraphe précédent, c’est que nous avions déjà arpenté les sentiers de Coaticook mais de nuit (la veille de notre visite « officielle » du parc). En effet, à la tombée du jour, le Parc de la Gorge se transforme en une forêt enchantée, au sein de laquelle d’étranges phénomènes se produisent sous les yeux des promeneurs. Il s’agit en réalité d’une expérience immersive, appelée Foresta Lumina. On y découvre ainsi l’histoire de Margaret, une jeune femme qui vivait près de la forêt et qui avait le pouvoir de parler avec les fées. Elle était si belle que le diable tentait par tous les moyens de la convoiter, en se présentant à elle sous les traits d’un homme distingué. Mais Margaret devait aussi se méfier des autres dangers de la forêt, comme la Créature de la Forêt par exemple, un monstre assoiffé de sang! Heureusement, l’Esprit de la Forêt était là pour la protéger.

A l’entrée de la forêt, on nous invite tout d’abord à chuchoter notre vœu le plus cher à l’oreille d’une fée. Décors, éclairages, sons. Tout est fait pour nous plonger dans cet univers à la fois enchanteur et maléfique. Il fait bien noir, mais ce soir, les enfants sont courageux et n’ont pas peur de l’obscurité. Au fur et à mesure du parcours, différents tableaux sont présentés. Ici, la Créature de la forêt cherche sa prochaine proie. Là, des fées lucioles jouent à cache-cache dans les arbres. Un peu plus loin, un arbre se régénère comme par magie, après avoir subi les foudres du diable…Parfois, il suffit de regarder, d’écouter et de se laisser enchanter. Parfois, les scènes sont interactives et invitent les spectateurs à faire vibrer des cordes lumineuses ou à marcher sur des souches d’arbres pour les éclairer.

Foresta Lumina est un des plus gros attraits touristiques de Coaticook. Nous avions un peu peur de tomber dans un piège à touristes mais finalement, c’est une attraction originale, techniquement bien réalisée, qui parvient à transporter petits et grands dans un univers magique. Rassurez-vous, concernant le vœu à murmurer à l’oreille d’une fée, nous avons passé notre tour. C’était un peu ridicule tout de même, d’autant plus que tout le monde sait que pour qu’un vœu se réalise, il ne faut pas le dire mais y penser très fort. Alors petite fée, si tu m’entends, j’espère que tu as bien entendu le souhait que je t’ai transmis par la pensée 😉

Coaticook et sa fameuse laiterie

La région est également connue pour ses crèmes glacées que l’on doit à la laiterie de Coaticook. Fondée en 1940, cette entreprise familiale démarre son activité en produisant du lait, du lait chocolaté et de la crème. En 1942, elle étend son activité avec la production de glaces, « Les Crèmes Glacées Coaticook » qui feront sa renommée dans tout le Québec. En 1970, la laiterie décide de se consacrer uniquement à son produit phare. Depuis, la laiterie a déménagé et s’est modernisée mais propose toujours ses glaces « à l’ancienne » ainsi que différentes variétés de fromage, comme du fromage en grain, fabriqués à partir de lait local et d’ingrédients de qualité.

Pour le plus grand plaisir des touristes et des locaux, la laiterie est ouverte au public, et ce, jusqu’à minuit l’été. Les files du bar laitier ne désemplissent pas et il semblerait qu’aller manger une glace ici soit une étape incontournable! Ça tombe bien, car après avoir sillonné les sentiers du Parc de la Gorge, nous avions bien mérité une petite récompense!

En arrivant au bar laitier, nous sommes immédiatement affolés par la taille des cornets que dévorent les clients! Même les bambins semblent bouder le mini-pot qui leur est réservé et sortent de la boutique avec des glaces gigantesques, le visage déjà tout barbouillé de chocolat. Une boule fait presque la taille du poing, alors imaginez à quoi ressemble un cornet triple! Les gens dégustent leurs glaces dégoulinantes dehors, silencieusement, presque religieusement. A l’intérieur, malgré une longue file d’attente, ça dépote! Nous commençons à réfléchir à notre choix. La couleur de certains parfums nous laisse penser que « recette à l’ancienne » ne rime pas nécessairement avec « sans colorant »… La pistache est un peu trop fluo quand même! Dommage, pour une entreprise de cette renommée… Je me laisse tenter par une crème glacée aux bleuets tandis que Jc opte pour les parfums à l’orange et « cheesecake à la cerise ». Nous nous installons dehors pour passer à la dégustation. Miam, le test est concluant! La glace est très onctueuse, sans doute grâce à toute la crème qui s’y cache! Bien que nous ayons choisi le plus petit pot proposé au bar, j’ai du mal à finir ma part. Jc m’aide discrètement, convaincu que si jamais j’ose mettre le reste à la poubelle, nous risquons de déclencher une émeute d’indignation à notre encontre!

Car quand on vient à Coaticook, si ce n’est pas pour affronter sa peur du vertige en traversant le pont suspendu de la Gorge, découvrir les secrets de Margaret et de la forêt enchantée ou encore manger une des crèmes glacées les plus renommées du Québec, et bien il vaut mieux rester chez soi!

 

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