Escapade bucolique dans le Vermont


Etats-Unis, Nature / mercredi, mai 8th, 2019

Avril 2019.

Le Vermont, ça vous parle? Je suis sûre que vous connaissez au moins de nom, surtout si vous êtes un fan de la série Friends. Mais si, souvenez-vous de cet épisode dans lequel Ross et Chandler sont contraints de partager une chambre d’hôtel dans le Vermont. Pour retourner la situation à leur avantage, ils se mettent en tête de profiter de TOUT ce qui est à la disposition de la clientèle de l’hôtel (articles de toilette, chaussons, corbeille de fruits à la réception etc.), jusqu’à récupérer les piles des télécommandes ou encore les ampoules des lampes de chevet!

Le Vermont, c’est LA destination que les américains choisissent pour aller skier en famille ou pour s’offrir une escapade bucolique à deux. Avec ses paysages champêtres, sa cuisine locale organique, ses bières de qualité et sa douceur de vivre, la région a en effet tout pour plaire. Alors c’est décidé, nous passerons le week-end de Pâques dans le Vermont. Notre destination principale est la ville de Burlington, mais nous profiterons de ces trois jours pour rayonner tout autour.

Le moteur de la voiture tourne, nous sommes prêts à partir. Cette fois-ci, nous voyageons à bord d’une belle Chevrolet Impala flambant neuve, que nous sommes les premiers à louer. A l’intérieur, l’odeur de neuf provoque un état quasi extatique chez Jc, qui en plus, ne sait plus où donner de la tête parmi tous les gadgets de l’habitacle…

Nous avons à peine 150 km à parcourir mais la durée du trajet va dépendre du temps nécessaire à passer à la frontière. Nous quittons Montréal sans encombre. Les petites routes de campagne sont tranquilles et nous conduisent rapidement à un poste de frontière secondaire. Une vingtaine de voitures nous précède. Les moteurs des véhicules sont coupés, signe qu’il va falloir patienter. Deux heures et demie plus tard (!!!) c’est à notre tour de subir l’interrogatoire du douanier. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’il nous demande l’adresse de notre Airbnb. Je ne l’ai notée nulle part mais il me suffit simplement de regarder dans le mail de confirmation de la réservation. C’est alors que je suis frappée d’une amnésie soudaine : impossible de trouver mon téléphone portable, alors que je l’avais dans les mains tout le temps où nous avons patienté! Alors que le douanier reste imperturbable, nous cherchons dans un début d’affolement le maudit appareil qui était tout simplement caché dans mon sac à main. Ouf. Le douanier nous invite à sortir de la voiture pour rejoindre son collègue au poste. Celui-ci nous redemande l’adresse pour l’enregistrer mais au moment où je lui tends mon téléphone, le mail en question a disparu! L’aurais-je effacé par mégarde en sortant de la voiture? Grrrr! Finalement, tout rentre dans l’ordre, je trouve un autre mail de confirmation, le douanier prend nos empreintes et nous fait payer les droits de douane. Nous passons enfin la frontière, accueillis par la pluie qui n’attendait plus que nous pour se manifester. Vermont, nous voilà!

Burlington

Burlington est la plus grande ville de l’Etat du Vermont. Elle reste toutefois une ville tranquille, à taille humaine, où il fait bon vivre. Bernie Sanders, qui a été sénateur et candidat à l’élection présidentielle en 2016, en a été le maire de 1981 à 1989. C’est aussi une des premières villes des Etats-Unis à s’être convertie à une électricité 100% verte.

Pour découvrir Burlington, il faut se rendre en premier sur Church Street, une zone piétonne bordée de cafés, restaurants et de jolies boutiques dont les autocollants des vitrines nous invitent à « magasiner et consommer local ».

A mi-hauteur de la rue, une bonne odeur de gaufrette attire les passants. Cela provient de la boutique Ben & Jerry’s qui prépare tout au long la journée des cônes aussi gourmands que les parfums de glaces qui les accompagnent. Le glacier est très populaire ici et vous saurez vite pourquoi. Les vélos en libre-service de la ville portent même les couleurs de l’enseigne!

Les briques rouges de l’hôtel de ville ou de l’église nous rappelle l’architecture caractéristique de la Nouvelle-Angleterre tandis que les banquettes en vinyle du Henry’s Diner et les enseignes lumineuses du Flynn Theater nous plongent dans les styles rétro et vintage typiquement américains. Enfin, dans une ruelle perpendiculaire à la rue piétonne, une frise chronologique très colorée reprend en images les moments clés de l’histoire de la ville.

Burlington est également connue pour son Waterfront qui borde le Lac Champlain. On peut s’y promener à pied ou le longer à vélo en suivant le Burlington Bike Path. On imagine très bien les familles venir y pique-niquer ou manger une glace, par un dimanche ensoleillé. Homards, langoustes et crevettes sont à la fête aujourd’hui, car les cuisines du Splash at the Boathouse n’ont pas ouvert leurs portes, le fond de l’air étant un peu trop frais…

Sur les cartes des restaurants, les produits locaux et bio sont mis en valeur. Nous choisissons de déjeuner au Flat Bread, une pizzeria/microbrasserie qui propose des pizzas à pâte fine, cuites au feu de bois. Ici, la sauce tomate maison est cuisinée avec de l’huile d’olive extra-vierge, du basilic et de l’ail bio. Fromages et charcuteries sont issus de fermes locales. Pour chaque plat du menu, les ingrédients semblent avoir été choisis minutieusement. Les bières sont également brassées sur place. Délicieux! Et le tout, pour un rapport qualité/prix plus que satisfaisant!

Burlington abrite également l’Université du Vermont, appelée aussi UVM (Université des Montagnes Vertes), une des plus anciennes universités des Etats-Unis. Le campus est parfaitement propre et entièrement non-fumeur, comme la zone piétonne de Church Street, d’ailleurs. A l’intérieur de la bibliothèque, la salle d’étude surprend par l’absence de livres mais la présence d’immenses fauteuils douillets dans lesquels les étudiants, scotchés à leur PC, se lovent.

Tout autour du campus, les maisons des différentes fraternités et sororités exhibent fièrement leur nom en immenses lettres grecques sur leur façade, comme la célèbre Delta Delta Delta. En passant devant ces maisons d’étudiants, on pense tout de suite à ce qu’on voit dans les films : groupes secrets, uniformes, rites d’initiation et beuveries qui virent parfois au scandale…Que peut-il bien se passer derrière ces murs?

En hiver, on peut aussi venir faire son marché à l’Université. Tous les samedis, une aile de l’école agricole accueille un petit marché de producteurs locaux, le Burlington Farmer’s Market, où l’on peut trouver entre autres, des fruits et des légumes, des pains artisanaux, des œufs bio et des produits à base de sirop d’érable etc. Et oui, il n’y a pas qu’au Canada qu’on fabrique du sirop d’érable et les Vermontois s’appliquent à faire valoir leur production. D’ailleurs, toujours dans le même épisode de Friends, Ross passe son temps à boulotter des Mapple Sugar Candies, ce qui le rend légèrement…hyperactif. Il finit même par voir des mouches qui n’existent pas à la fin de l’épisode! En été, le marché fermier déménage en centre ville pour s’installer en plein air et devenir ainsi beaucoup plus important et attractif pour les habitants et les touristes.

En dehors de Burlington

Le Vermont, comme son nom l’indique, c’est aussi la région des Montagnes Vertes (« Verts Monts »), dont le point culminant se situe sur le Mont Mansfield. Il est possible d’y accéder par la route, en plus des sentiers pédestres. Malheureusement, le jour de notre passage, la route est bloquée à cause de la « saison des boues ». Il s’agit de cette période transitoire de l’année, entre la fin de l’hiver et le début du printemps, pendant laquelle les températures se réchauffent, la neige commence à fondre et la pluie tombe abondamment, rendant ainsi les routes et sentiers boueux et peu praticables. En faisant demi-tour, nous avons croisé des randonneurs déterminés à emprunter un bout du Long Trail, un sentier qui traverse le Vermont sur toute sa longueur, du Nord au Sud, sur une distance de 439 km. Le Long Trail est d’ailleurs le plus vieux sentier de randonnée longue distance des Etats-Unis.

Nous avons donc rebroussé chemin jusqu’à Stowe. Ce petit village nous a plongé dans le charme de l’Amérique rurale, avec ses maisons en bois, son clocher d’église blanc et ses vieux pick-up rouillés abandonnés devant des fermes rouges…

Un peu plus au sud de Burlington, nous avons aussi fait un arrêt à Shelburne, sous la pluie, pour visiter une ferme-muséum pédagogique. Malheureusement, encore une fois, une partie des installations étaient fermées pour l’hiver. Nous avons toutefois pu nous balader librement dans les espaces extérieurs et visiter une galerie d’art (insolite !).

Ben & Jerry’s Factory

Entre Burlington et Stowe, nous nous sommes arrêtés à Waterbury pour visiter l’usine de fabrication des glaces Ben & Jerry’s. Le site propose en effet de découvrir l’histoire de la marque, née 40 ans plus tôt dans le Vermont, et de visiter une partie des installations.

Dans les années 70, Ben Cohen et Jerry Greenfield, deux amis d’enfance qui peinent à trouver leur voie, décident de s’associer pour monter une affaire. Ils envisagent dans un premier temps de se lancer dans la fabrication de bagels mais ils n’ont pas le budget nécessaire pour financer le matériel. C’est alors qu’ils achètent une ancienne station de service près de Burlington. Ils la transforment en atelier pour y fabriquer…des glaces! Le 5 mai 1978, la première boutique Ben & Jerry’s ouvre ses portes. Au départ, le succès est mitigé car leurs glaces n’ont pas beaucoup de goût. Ils laissent alors libre court à leur imagination et ajoutent des ingrédients en abondance et insolites pour l’époque, comme des grosses pépites de chocolats, des morceaux de biscuits, des noix, des coulis de fruits, jusqu’à obtenir des recettes complètement farfelues et délicieuses. Ils ont aussi l’idée de donner des noms originaux voire imprononçables à leurs différents parfums, ce qui contribuera aussi au succès de la marque. Le jour de leur premier anniversaire, Ben et Jerry ont l’idée d’offrir une glace à tous leurs clients. L’événement fait le buzz et les deux compères décident de renouveler le « Free Cone Day » à chaque anniversaire (et c’est toujours d’actualité !). La marque s’implique également dans des projets sociaux, développe un programme d’agriculture durable (pour le bien-être des vaches laitières et des fermiers qui s’en occupent) et met au point des recettes certifiées Commerce équitable, à partir de 2010.

Le tour de l’usine se fait en trente minutes à peine. La visite des locaux est réduite à son strict minimum, puisque seule la phase finale de conditionnement est visible (secret oblige!). Les photos sont interdites à l’intérieur. En même temps, pour une entrée à 4 dollars par personne, il ne fallait pas s’attendre à visiter les coulisses de Versailles ! Toutefois, la visite s’achève par une dégustation de glace, avec le parfum du jour : la Cherry Garcia, à savoir une glace à la cerise, avec des morceaux de cerises et des éclats de caramel.

A la fin du tour, le premier réflexe est bien entendu de se précipiter à la boutique pour se payer une vraie glace. On n’a pas fait tout ce chemin pour se contenter d’un échantillon (aussi généreux soit-il), non mais ! Alors que nous étudions consciencieusement la liste des parfums pour savoir lequel (au singulier) nous allons choisir, nous voyons des enfants sortir de la boutique, avec des cônes aussi hauts qu’eux et peut-être 4, 5 ou 6 boules tentant de se fondre une place au cœur du cornet !

Un peu plus loin, derrière l’usine, nous sommes allés nous recueillir au Flavour Graveyard. La marque a en effet eu l’idée originale de construire un cimetière dédié aux parfums dont la production a cessé. Sur chaque pierre tombale, les épitaphes nous renseignent ainsi sur la durée de vie et l’histoire du parfum disparu…

Montpelier

Montpelier est la capitale de Vermont. Recensant un peu moins de 8 000 habitants, c’est la capitale la plus petite des Etats-Unis. Autre particularité : Montpelier est la seule capitale américaine dans laquelle vous ne trouverez aucun Mc Donald’s!

Bien qu’il s’agisse d’une petite bourgade, elle a tout le charme nécessaire pour y faire un arrêt. On peut tout d’abord passer devant la State House ou Capitole pour en admirer son dôme doré. Il faut aussi visiter le Vermont Historical Society, un joli musée qui retrace l’histoire du Vermont (fermé à notre passage!). En déambulant dans la rue principale de la ville, on sera sans doute frappé par l’abondance et la diversité des églises (ou plutôt lieux de culte), appartenant à divers mouvements religieux, traditionnels ou plus récents.

Vous l’aurez remarqué, le nom de la ville ne s’écrit qu’avec un seul « L », contrairement à la ville française du même nom. D’ailleurs, saviez-vous qu’en 2017, le club de football de Montpellier avait offert à la ville de Montpelier des maillots sur lesquels le logo avait été mal orthographié? Je vous laisse deviner la nature de la faute…

La route des îles du Lac Champlain

Le week-end touche à sa fin et il est temps de reprendre la route en direction de Montréal. Le soleil a finalement décidé de sortir de sa cachette alors nous ne lui ferons pas faire l’affront de l’ignorer. Nous prenons donc la route des écoliers pour rentrer, ou plus exactement, la Route 2 qui traverse cinq des îles du Lac Champlain.

Nous l’ignorons encore, mais c’est une route magnifique et surprenante qui nous attend. Les paysages s’enchaînent et s’alternent sans suite logique : des prairies verdoyantes, des marécages, des plages de sable fin, des réserves naturelles, des villages pittoresques, des petites maisons blanches au bord de l’eau.

Nous croisons des oies sauvages (bernaches ou outardes) et des Carouges à épaulettes (passereaux aux ailes rougeoyantes). Des panneaux sur la route nous signalent des traverses de tortues. Nous passons devant une ferme qui élèvent des chèvres…et des alpagas. Nous nous arrêtons pour les prendre en photos, après avoir discuté avec la propriétaire installée dehors, occupée à customiser une table chinée. C’est une ancienne citadine, qui suite à un burn-out, a tout plaqué pour s’installer à la campagne.

Un peu plus loin, nous nous arrêtons au Welcome’s Hero, un dépanneur qui vend des bibelots, de l’alcool, du bazar de maison, des cloches, des produits locaux etc. On peut aussi y boire un café mais l’endroit est surtout connu pour ses sandwichs aux noms célèbres, comme le « T.J » ainsi appelé en l’honneur de Thomas Jefferson ou encore le « Hero », à la mémoire de Ethan Allen qui s’est battu pour l’indépendance du Vermont pendant la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis. Nous ressortons de la boutique avec l’impression d’avoir voyagé dans le temps…et un morceau de Cheddar extra en poche.

Le soleil commence à décliner mais ses rayons font encore briller les eaux du lac, dans des tons rose-orangé. Nous quittons la dernière île. Il n’y a plus que quelques kilomètres qui nous séparent de la frontière.

Avant de l’atteindre, nous passons brièvement par l’état de New York. Cette fois-ci, nous patientons seulement une heure au poste frontalier. Le douanier nous interroge rapidement, puis nous rend nos passeports. Avant de nous laisser passer, il nous demande : « Est-ce que vous transportez avec vous de la drogue, des armes à feu ou plus de 25 000 dollars en cash? ». Pour le cash, on aimerait bien, mais non…Nous rapportons juste du Vermont une tête pleine de souvenirs et un petit morceau de Cheddar…et ce n’est déjà pas si mal!

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