Samedi 8 décembre 2018.
A peine les festivités d’Halloween sont-elle passées, que les gens ici se préparent aux fêtes de fin d’année. Ainsi, depuis la mi-novembre environ, nous sommes dans l’ambiance du temps des fêtes.
Tout a commencé un samedi 15 novembre, avec la Parade du Père Noël. Sous prétexte de nous en mettre plein la vue avec son défilé de musiciens, de danseurs et de chars décorés, Santa Claus semblait être déjà en train de repérer les lieux pour sa prochaine livraison de fin d’année et dresser la liste des enfants sages qui seraient gâtés à son passage. A coup sûr, ceux qui sont venus l’applaudir ce jour-là ont gagné des points. En effet, il fallait être motivé pour l’attendre sous la neige et par -5/-10 degrés.
Dans un autre style, le grand marché d’Atwater proposait également son marché de Noël extérieur, avec ses petites cabanes en bois. Pour lancer les festivités, à la veille du 1er décembre, on pouvait se rendre à la Raclette Party et apporter ses couvertures pour regarder en plein air Le père Noël est une ordure sur grand écran, au bord du canal Lachine. Ici, la touche d’originalité, c’était la façon dont la raclette était servie. En effet, les organisateurs avaient préparé un grand bûcher à découvert, au-dessus duquel ils faisaient chauffer des demi-meules de raclette. Quand le fromage était prêt, ils n’avaient plus qu’à venir le racler au-dessus des assiettes garnies, tendues par les visiteurs. Hélas, nous avons renoncé à l’expérience car, bien que nous soyons arrivés tôt (17h30, pour manger de la raclette, c’est quand même tôt!), les lieux étaient déjà envahis de gourmands par l’odeur alléchés! Il fallait faire la queue pour acheter son ticket à 12$ puis de nouveau pour récupérer son assiette garnie (charcuterie et pickles en sus pour 3$) puis encore pour recevoir sa part de fromage fondu, le plus important! Il y en avait certainement pour plus d’une heure d’attente! Tant pis, nous avons noyé notre déception dans un verre de vin chaud et un verre de jus de pommes chaud à la cannelle, avant de rentrer à la maison. Malgré tout, ça valait le détour, rien que pour voir toutes ces meules sacrifiées au bûcher!
Ce samedi 8 décembre, cette fois-ci, c’est l’Avenue du Mont-Royal qui ouvrait les festivités de fin d’année, avec la Marche de Noël aux Flambeaux. Piqués par la curiosité de découvrir cette tradition locale, nous avons sagement attendu la tombée de la nuit, avant de rejoindre le point de rendez-vous, au Parc des Compagnons. Et les -9°C affichés par le thermomètre ne nous ont pas découragés d’un poil de caribou!
En arrivant sur place, nous nous rendons au kiosque d’accueil « Un don contre un flambeau », tenu par l’association Moisson, une des plus importantes banques alimentaires du Canada. Le principe ici? On vous remet un flambeau contre des denrées non périssables que vous aurez apportées ou contre 2 dollars. Les dons seront par la suite redistribués aux plus démunis, notamment pendant le temps des fêtes. Concernant le flambeau en lui-même, ne vous attendez pas à vous retrouver dans l’esprit de Koh-Lanta. Il s’agit juste d’une chandelle, surmontée d’un falot rouge, une sorte de coupelle en plastique. Et pour donner une dimension durable à cette marche, les falots seront récupérés en fin de parcours pour être recyclés.
Si le flambeau ne casse pas trois pattes à un canard, la bonne ambiance est toutefois de mise, comme toujours ici. Le grand départ n’est pas pour tout de suite mais petits et grands sont si excités qu’ils allument déjà leur flambeau. En attendant, nous faisons le tour du village de Noël installé au Parc des Compagnons et animé pour l’occasion. Nous sommes tout d’abord accueillis par des parfums de cannelle qui s’échappent du kiosque à vin chaud. Un peu plus loin, des musiciens donnent un petit concert, abrités au chaud, dans des chalets aux parois transparentes. Au-dessus de notre tête, les branches d’un arbre soutiennent des dizaines de petites cabanes à oiseaux. Par ici, ce sont des oranges et des cœurs qui ont été suspendus dans les arbres. Un sapin un peu spécial attend d’être décoré par les vœux des rêveurs de tous les âges : c’est l’Arbre à Souhaits.
Des personnages féeriques, tout de blanc vêtus et montés sur des échasses lumineuses, font tranquillement leur arrivée à l’entrée du village, annonçant le départ imminent de la marche. Nous sollicitons l’aide de nos voisines pour allumer notre flambeau et prenons position dans la masse, comme au départ d’une grande manifestation pacifique (heureusement, nous ne sommes pas en France, car par les temps qui courent, brandir un flambeau rouge ne serait pas forcément bien vu des gilets jaunes). On sautille, on se dandine, pour se réchauffer comme on peut. Puis enfin, le cortège est lancé. Juste à côté de nous, un enfant lance à ses parents « Avec tous ces flambeaux, on dirait une gang de pyromanes! » (une gang = une bande en québécois). A peine quelques mètres plus loin, le cortège s’arrête au milieu de l’Avenue du Mont Royal pour écouter une première chorale, Les Voix Ferrées. Nous faisons deux autres arrêts pour écouter les chants de Noël de la Clique Vocale et du Chœur Gai de Montréal. Les arrêts sont toujours assez courts, pour permettre à tout le monde d’en profiter…et parce qu’il fait trop froid pour faire du sur-place! Nous tournons ensuite dans la rue de la Roche où d’autres surprises nous attendent. En effet, comme venus de nulle part, des musiciens surgissent des balcons des habitations, pour nous jouer un petit air. Ici, c’est une violoniste, là, c’est un joueur d’harmonica et de maracas. Un peu plus loin, c’est un trio qui chantent des chansons traditionnelles du Québec tandis que par la suite, ce sont des joueurs d’accordéon et de guitare qui se donnent en spectacle. Au bout de la rue, un danseur de claquettes nous fait une démonstration réussie, accompagné d’un joueur de flûte à bec. A chaque arrêt, à défaut d’applaudir (les gants et les moufles étouffant le son des applaudissements), les gens crient et sifflent de joie. Ils tapent du pied pour marquer le rythme…et encore et toujours pour se réchauffer. Quelle ambiance! Déjà, nous atteignons notre point d’arrivée, au Parc de La Fontaine, où des pingouins déguisés en rappeurs donnent un concert, à moins que ce ne soient des rappeurs déguisés en pingouins? La marche aura finalement duré une petite heure. Notre flambeau s’est consumé de moitié mais il est resté allumé jusqu’au bout!
Il est un peu plus de 20h. Nous attendons encore quelques minutes pour voir le feu d’artifice prévu à l’issue de la Marche aux Flambeaux. Hélas, cela fait un petit moment que mes extrémités me lancent un SOS désespéré pour être réchauffées et je suis obligée d’admettre que je les ai un peu trop ignorées. Tant pis pour le feu d’artifices, nous quittons les lieux au pas de course, pour retrouver la bouche de métro la plus proche. Sur le chemin, nous passons devant la Banquise, le fameux restaurant de poutine de Montréal ouvert 24h/24h où les gens les plus déterminés (et/ou gourmands) n’ont pas peur de faire la queue dehors, par -10°C. Nous entendons les premières fusées du feu d’artifice exploser derrière nous. Hasard ou non, nous croisons juste après un camion de pompiers. Aussitôt, JC cache son flambeau encore allumé, comme pour dire « C’est pas moi !« , ce qui ne manque pas de les faire sourire. Ouf, ça y est, nous arrivons à la station de métro. Le changement brutal de température me déclenche une douleur à peine soutenable au niveau des mains si bien que je me retrouve à genoux sur le quai du métro à lutter contre la survenue d’un malaise. Allez, courage, ça va passer et dans quelques minutes, nous serons rentrés à la maison pour finir de nous réchauffer. En conclusion : une très belle soirée, riche en surprises… mais il faut vraiment que j’achète d’autres gants!
Voilà à quoi ressemble le temps des fêtes par icitte. Et encore, ce n’est qu’un petit aperçu. Les canadiens ne manquent pas de traditions, d’imagination et de créativité pour vivre à fond ce moment de l’année et rendre ainsi l’hiver un peu moins long…
Ils ont l’air bien sympas tous ces canadiens. Merci Émilie et JC de nous faire partager vos aventures.
Émilie achète toi des chaufferettes avant de perdre tes doigts…
Franchement…j’pourrais pas endurer ce froid! Même pour « profiter » de cette ambiance de ouf!