Chaque année, c’est pareil. Impossible d’y échapper. Inexorablement, il revient avec son grand manteau grisonnant et son souffle froid pour étouffer votre énergie et vous glacer la nuque.
Vous l’avez deviné, l’automne a pointé le bout de son nez…Enfin, surtout ici, puisqu’en France, il semblerait que cette année, les bains de soleil à la plage soient au programme des vacances de la Toussaint!
On pourrait penser qu’avec des journées et des températures qui déclinent, l’humeur des gens serait également en chute libre. Pourtant, ici, l’automne semble être une saison particulièrement appréciée. Alors pour comprendre cet engouement incontestable des canadiens pour The Fall, nous sommes partis en mission spéciale pour investiguer. Nous avons choisi le week-end de l’Action de Grâce (le Thanksgiving canadien) pour profiter pleinement de l’expérience. Suivez-nous dans cette nouvelle mission en 7 étapes et n’oubliez pas d’enfiler votre tuque!
Etape 1 : Choisir une destination colorée
Pour comprendre le succès de l’automne ici, la meilleure option est de quitter la ville (bien que Montréal soit aussi très agréable à l’automne) et d’aller prendre un grand bol d’air frais en pleine nature. Mais comment choisir une destination, parmi toutes les options possibles? Facile, il suffit de consulter la météo. Mais attention, il ne s’agit pas ici de la météo classique qui annonce la pluie et le bon temps mais bien de la « météo des couleurs »! Cette carte interactive, publiée par un site officiel, permet en effet de connaître l’état d’avancement de coloration des feuilles des arbres dans plusieurs régions du Québec. Elle est mise à jour chaque semaine, le temps généralement nécessaire pour que les arbres passent d’un stade à l’autre.
Nous avons donc bien surveillé la météo des couleurs et choisi de partir dans les Laurentides, près du Parc du Mont Tremblant (stade « milieu »/avancé » de coloration des feuilles).
Etape 2 : Se trouver un petit nid douillet
Ce qui plaît aux gens aussi, avec l’automne, c’est de pouvoir se retrouver dans un chalet en pleine nature, autour d’un feu réconfortant, à boire un bon chocolat chaud avec une montagne de guimauves ! Alors nous avons réservé notre petit chalet « chic et rustique » avec son poêle à bois, à Val David, une petite station de montagne à moins de deux heures de Montréal.
Etape 3 : Crapahuter
Une fois extirpé des embouteillages de la ville de Montréal, la route entre Montréal et le Parc du Mont-Tremblant est vraiment facile et rapide (moins de 2 heures!). Il est donc possible de s’arrêter en chemin, dans les petits villages qui s’échelonnent sur le trajet. Très vite, on retrouve l’ambiance des petits villages de montagne, comme à Saint-Sauveur. Les décorations aux couleurs d’Halloween ajoutent un charme tout particulier aux petites rues commerçantes.
Etape 4 : Explorer ou éveiller ses sens
Une fois arrivés à Val David dans la soirée, nous nous sommes tranquillement installés dans notre petit chalet et nous avons allumé un feu. Et malgré l’absence de chocolat chaud et de guimauves, c’était une façon agréable d’entamer le week-end!
Le lendemain matin, frais et dispos, nous sommes partis à l’assaut de la montagne et à la découverte de la forêt. Nous avons consacré la matinée à une petite randonnée en boucle dans le Parc de Val David-Val Morin.
Dans l’après-midi, nous avons exploré le Parc du Mont-Tremblant. Le circuit que nous avons emprunté est très célèbre pour la vue dégagée qu’il offre sur le Lac Monroe. Ce circuit de niveau intermédiaire se fait normalement en deux heures mais comme il était déjà 16 h quand nous avons commencé l’ascension, nous avons mis le turbo et accompli notre périple en moins d’une heure et demie! Arrivés (suants) à la plate-forme, nous n’avons pas été déçus du spectacle! Nous avons pris photos et selfies, comme la plupart des autres randonneurs, à l’exception d’un couple qui s’était installé autour d’un réchaud pour déguster ce qui ressemblait à une fondue! Classe! Puis, nous avons fini notre journée de randonnée par un petit détour à la Chute du Diable, impressionnante pour son débit.
Cela faisait quelques jours que je bloquais sur cet article, et plus particulièrement sur la rédaction de ce paragraphe. Je n’arrivais pas à trouver les mots adéquats pour décrire notre expérience. A part vous dire que tous les 100 mètres, que ce soit en voiture ou à pied, on s’exclamait de WAHOU! de OH, C’EST BEAU! puis de nouveau de WAHOU!, je manquais un peu de substance. Après réflexion, j’ai réalisé qu’une telle expérience ne se raconte pas, elle se vit, tout simplement, et dans tous les SENS du termes…
Bien entendu, nous en avons pris plein la vue. La palette de couleurs empruntées par les feuilles est incroyablement variée. Certains arbres ont même des feuilles qui deviennent presque blanches ! Lorsque les rayons du soleil percent le toit de la forêt, cela crée une atmosphère particulière qui procure une sensation de bien-être et de plénitude. On comprend mieux pourquoi certaines personnes soignent leur âme en parlant aux arbres (même si on n’en est pas encore là!). Mais au cours de ces différentes balades, nous avons aussi humé les parfums de résine, de mousse et de champignons; nous avons ressenti la sensation du froid revigorant sur nos joues et des feuilles mortes s’écrasant sous le poids de nos pas; et enfin, nous avons régulièrement tendu l’oreille pour écouter le chant d’un oiseau caché ou le cri d’un écureuil agacé! En définitive, c’était une expérience dévouée à éveiller tous nos sens…
Etape 5 : Prendre de la hauteur
Les Laurentides regorgent d’activités très variées et originales pour satisfaire ses nombreux touristes, quelle que soit la saison. Outre la randonnée, on peut y faire du VTT, du fatbike (vélo avec de très très gros pneus), de l’escalade, de la via ferrata, de la jeep-rando, un survol de la région en hélicoptère etc.
Parmi toutes ces possibilités, nous avons choisi de prendre un peu de hauteur, avec un parcours de tyroliennes au-dessus du Parc de Mont-Tremblant. Depuis le centre de la station de Mont-Tremblant, équipés de notre baudrier et de notre casque, nous avons donc initié notre parcours par une ascension en télécabine avec nos deux guides et les membres de notre petit groupe. Facile, pour commencer! Toutefois, une fois là-haut, l’accueil n’était pas des plus chaleureux, avec 1°C affiché par le mercure et un ressenti bien plus froid à cause d’un vent à décorner un orignal! A cet instant précis, j’avais tellement hâte d’en finir avec ce parcours de 3 heures et d’aller boire un chocolat chaud! Mais non, courage!
Le parcours est constitué de 5 descentes en tyroliennes qui se prennent à partir de différentes plate-formes qui se suivent ou qu’il faut rejoindre à pied, par quelques minutes de randonnées en forêt. La plus longue des 5 tyroliennes mesure plus de 1000 mètres (contre environ 200 mètres pour la plus courte) et permet de glisser jusqu’à 80 mètres au-dessus du sol à certains endroits. C’est la tyrolienne la plus longue et la plus rapide d’Amérique du Nord, avec une descente pouvant dépasser les 100 km/h!
Les tyroliennes sont installées en doublon sur chaque plate-forme, ce qui fait que deux personnes peuvent partir en même temps et faire la course! Attention toutefois à respecter les consignes des guides : sur les tyroliennes dont la descente est longue et lente, mieux vaut se mettre en position « boulet de canon », au risque de rester coincé en chemin (pourquoi j’ai la sensation que c’est typiquement le genre de truc qui pourrait m’arriver?)! En revanche, sur les descentes plus rapides, on peut laisser libre cours à son imagination, et tester l’Upside down (la tête en bas) voire même Le Jésus (la tête en bas, les jambes bien tendues vers le haut et les bras en croix!). Très peu pour moi! Quoique…on verra!
Avoir du style, c’est bien, mais il ne faut pas oublier de profiter du paysage automnal des Laurentides!
Etape 6 : Se restaurer
Quand les températures baissent, quand les jours raccourcissent, on a souvent besoin d’une cuisine réconfortante. Et ça, les canadiens l’ont bien compris. L’arrivée de l’automne est aussi pour eux l’occasion de ressortir leurs recettes décadentes et leurs pots à épices et de s’offrir tartes à la citrouille et aux pacanes (noix de pécan), chaussons aux pommes et au sirop d’érable, latté à la citrouille épicée ou à la cardamone etc. Je suis sure que toutes ces gourmandises pèsent beaucoup sur la balance pour expliquer pourquoi les canadiens aiment tant l’automne (mais ça doit aussi peser sur leur balance tout court, à la maison!!!).
De notre côté, le grand air de la montagne et toutes ces heures de randonnée nous ont creusé l’appétit. Nous avons donc choisi de nous restaurer au Mazot, près de Val-David, pour déguster une fondue suisse. En premier lieu, le serveur a perdu 5% de son pourboire quand il n’a pas su nous dire quels fromages composaient la fondue. Sa responsable a toutefois pu nous indiquer qu’il n’y avait que du Gruyère et de l’Emmental. Parfait! Malheureusement, le serveur a encore perdu 5% de son pourboire quand il nous a apporté le réchaud…car celui-ci ne disposait pas de système pour réguler la flamme. Il a donc fallu manger la fondue fissa et sans s’emmêler les fils, au risque de finir avec une croûte de fromage calcinée au fond du caquelon! Mais rassurez-vous, c’était quand même bon dans l’ensemble et nous avons passé un moment agréable.
Etape 7 : Se ressourcer
Enfin, quand l’automne arrive, les canadiens aiment prendre soin d’eux, se cocooner. Pour ce faire, quoi de mieux que de se rendre au SPA ? Mais pas n’importe quel spa, s’il vous plaît! Tant qu’à faire, autant opter pour un spa scandinave, avec des bains bouillonnants en pleine nature, histoire de faire un pied de nez au thermomètre en chute libre! Une escapade qui allie détente, nature, et connexion (comprenez connexion avec soi-même, car ici, il n’y a pas le WIFI et les téléphones portables doivent rester aux vestiaires!). Dans cet espace immense, au charme boisé et rustique chic, on peut passer à notre guise des espaces intérieurs et aux espaces extérieurs, des bains bouillonnants aux saunas secs ou humides, sans oublier les douches et bassins d’eau froide malheureusement indispensables pour resserrer nos pores tout rabougris et refaire circuler le sang! On peut même aller se baigner directement dans la rivière du Diable, au bord de laquelle le spa est installé (on a testé, on s’est pelé!). Et à la fin d’un cycle chaud/froid, l’idéal est d’aller se reposer en silence dans un petit salon dédié, face à la forêt rougeoyante, en dégustant une tisane bien chaude aux pommes et à l’hibiscus. Ahhh, on est bien là…
(Toutes les photos ne sont pas de nous, puisque les téléphones étaient interdits à l’intérieur du SPA!)
Mission accomplie! Je ne sais pour vous, mais à l’issue de cette mission commando, nous avons commencé à bien saisir les raisons pour lesquelles les gens aiment tant l’automne par icitte. Et je crois même qu’ils nous ont transmis le virus!
Trop bien les descentes en tyroliennes! J’veux le faire!
Merci pour ces articles et belles photos qui font trop envite!
Moune