Mardi 14 Août.
Aujourd’hui, nous poursuivons notre exploration de la région de Charlevoix, mais cette fois, par la Route du Fleuve. Ce soir, nous dormirons à la Baie-Sainte-Catherine, près de Tadoussac, qui marque la fin de la région de Charlevoix.
La Route du Fleuve est une route panoramique d’environ 50 km, qui relie Baie-Saint-Paul à la Malbaie en longeant le fleuve. Si elle est aussi réputée, c’est parce qu’en plus d’offrir de magnifiques points de vue sur le fleuve, elle traverse une succession de petits villages dont certains sont considérés comme les plus beaux villages du Québec!
Avant de rejoindre le départ de la route à Baie-Saint-Paul, à quelques kilomètres au sud de Saint-Urbain, nous nous rendons au Domaine de la Vallée du Bras, à la rencontre d’un producteur de vin un peu particulier. Lorsque nous sonnons à la porte de la petite boutique, c’est le producteur lui-même, Pascal, qui nous accueille. Il nous invite à nous joindre au couple arrivé un peu plus tôt pour la dégustation de son vin…de tomates! Oui, oui, Pascal produit un vin exclusivement à base de tomates qu’il cultive sur place. Il tient la recette (secrète!) de fabrication de son grand-père belge. Ses parents sont même venus de Belgique cet été, pour l’aider à récolter les tomates. Et le producteur sait ce qu’il fait! Ingénieur en agronomie, il a également étudié l’œnologie et la gastronomie. Lorsqu’il a décidé de commercialiser son vin (en version bio, en plus!), il a dû se battre contre les autorités et notamment la SAQ (Société des Alcools du Québec) pour prouver que la tomate était bien un fruit et que l’alcool qui en dérivait pouvait bien être considéré comme du vin! Il a finalement gagné cette bataille au bout de 8 ans et les premières bouteilles de vin d’Omerto (nommé ainsi en hommage à son grand-père qui s’appelait Omer) ont ainsi pu être proposées au grand public. Et pour marquer un peu plus cette victoire, un cocktail à base de vin de tomates et de sirop de romarin a même été servi aux plus grands dirigeants de ce monde lors du dernier G7, qui s’est déroulé cette année près de Québec (tout près d’ici, même, comme vous le découvrirez un peu plus bas dans l’article). La dégustation nous permet ainsi de découvrir quatre vins, qui diffèrent par leur âge et surtout par l’essence de bois utilisée pour les fûts de vieillissement. Et pour les plus curieux : non, le vin ne « goûte » pas la tomate et il avoisine les 15 degrés d’alcool. Hips! Cette rencontre passionnante avec un homme passionné nous a particulièrement enthousiasmés! Voyons maintenant si la Route du Fleuve saura tout autant nous charmer!
Saint-Joseph-de-la-Rive
Nous nous arrêtons en premier lieu à Saint-Joseph-de-la-Rive, juste après Baie-Saint-Paul, pour visiter le musée maritime de Charlevoix. Il s’agit d’un ancien chantier maritime qui œuvrait principalement dans l’entretien des goélettes. L’intérêt principal ici est que nous pouvons visiter différents bateaux en toute liberté!
Les Éboulements
Ce petit village perché à flanc de montagne nous offre un joli point de vue sur l’Ile-aux-Coudres et le Saint-Laurent. Il tient son nom d’un terrible séisme survenu en 1663, lequel a profondément transformé la topographie des lieux. Les Éboulements sont aussi connus pour leurs moulins à vent qui produisent encore de la farine.
Saint-Irénée
Nous retrouvons avec ce village des airs de station balnéaire. Nous déjeunons d’ailleurs au Motel de la Plage, où nous pouvons observer les vacanciers qui ont planté le parasol sur le sable ou embarqué les enfants dans une partie de pêche à pied. C’est ici que nous voyons passer pour la seule fois de la journée le train de Charlevoix, une version nord-américaine de l’Orient-Express, qui permet de découvrir la région d’une autre façon.
Pointe-au-Pic (municipalité de la Malbaie)
La petite station de Pointe-au-Pic, qui appartient à la Malbaie, est historiquement le premier lieu de villégiature des canadiens. Les plus riches vacanciers venaient y passer l’été, dans leurs maisons cossues. Si vous n’avez pas la chance d’avoir votre propre maison au bord de l’eau, vous pouvez toutefois séjourner au Manoir Richelieu (hôtel cinq étoiles de la chaîne hôtelière Fairmont) où s’est déroulé le dernier sommet du G7 en juin 2018. Et s’il vous reste encore un peu d’argent, allez tout miser sur le rouge au Casino de Charlevoix, juste en face! On pourrait presque se croire sur la Côte d’Azur!
La Malbaie
L’arrivée à la Malbaie marque la fin de la Route du Fleuve mais nous avons encore quelques destinations pittoresques à découvrir avant d’atteindre notre point de chute. La ville est beaucoup plus industrialisée que ce que nous avons vu jusqu’ici. Le temps de prendre un café à la Boulangerie Pains d’exclamation, puis nous reprenons la route.
Port-au-Persil (Municipalité de Saint-Siméon)
Port-au-Persil est un charmant hameau d’artisans (notamment de potiers), qui fait partie de l’Association des plus beaux villages du Québec. Samuel de Champlain l’aurait appelé ainsi en raison de la présence abondante de persil de mer (livèche écossaise). Le hameau a été fondé par une famille d’écossais, les Mac Lauren, qui ont donné leur nom à la jolie chapelle blanche et à la baie qui caractérisent les lieux. Avant de nous arrêter au port pour faire quelques photos, nous faisons une halte un peu plus haut dans une petite ferme. C’est une française qui s’y est installée pour fabriquer des savons au lait d’ânesse. Elle a même développé toute une gamme de produits cosmétiques à base de lait d’ânesse, qu’elle fait fabriquer par un laboratoire extérieur. Encore une rencontre inattendue!
Baie-Sainte-Catherine
Nous arrivons enfin à notre motel, à la Baie-Sainte-Catherine. Tadoussac est juste en face, mais pour s’y rendre, il faut traverser le fleuve à bord d’un traversier (ce qu’on appellerait un « bac » en France). La chambre du motel, typique de ce qu’on voit dans les films américains, est modeste mais confortable et tranquille ! Avant de nous installer, nous retournons faire quelques photos au bord de la route, car nous avons repéré un champ avec des chevaux. Avec la lumière du jour qui commence à tomber et la vue sur le fleuve en arrière-plan, c’est simplement magique!
Tadoussac
Sur les bons conseils de la gérante du motel, nous embarquons finalement sur le traversier pour passer la soirée à Tadoussac. C’est gratuit, rapide (7 minutes) avec un départ toutes les 40 minutes. La ville de Tadoussac est presque un peu trop touristique mais elle a malgré tout beaucoup de charme, avec sa vue sur la baie, son hôtel luxueux, sa chapelle au toit rouge etc. Pour fuir la foule, nous optons pour un pique-nique improvisé sur la plage, à quelques kilomètres de là. Nous reprenons ensuite le traversier puis direction le motel pour un gros dodo. Il faut être en forme pour demain, car nous avons rendez-vous avec…les baleines!
Une route touristique parfois attrape-touristes!
Si nous finissons cette journée charmés par la découverte de tous ces paysages, nous avons tout de même essuyé quelques échecs! C’est vrai que certains villages annoncés comme pittoresques ne nous ont pas marqués et surtout, certaines adresses recommandées à la fois par les guides touristiques et les blogueurs nous ont énormément déçus. Par exemple:
- A Saint-Irénée, nous avons mangé au Motel de la Plage, réputé pour servir des plats locaux et maison. Une belle arnaque !!! La salade que nous transportions dans notre glacière depuis 3 jours était plus fraîche que celle de notre assiette et les fondants au fromage (une spécialité de Charlevoix) que nous avions commandé en entrée n’avaient rien à envier aux cordons-bleus de Père Dodu…La tourte à la viande (une autre spécialité du coin), faite avec la farine des Éboulements est toutefois correcte mais servie en mini-portion pour un prix maxi!
- Entre la Malbaie et Port-au-Persil, nous nous sommes arrêtés à la fromagerie de Saint-Fidèle (des blogueurs français conseillaient quand même de s’y arrêter si les fromages de France nous manquaient!). Hélas, c’était encore une belle déception! Il n’y avait que du fromage sous-vide, au lait pasteurisé, avec un choix vraiment très limité. Les vendeuses n’ont même pas daigné nous proposer de goûter à leur plateau de dégustation! Bref, NUL!
- Enfin, le pompon! A la Malbaie, nous nous sommes arrêtés à la boulangerie encensée Pains d’exclamation. L’intérieur est effectivement très sympa, avec une ambiance rustique. De grandes tables en bois avec des bols en grès et des grille-pains vous invitent à prendre le petit déjeuner sur place, comme à la maison! Hélas, à l’heure où nous sommes arrivés, les étals étaient presque vides. Plus de pain. Les dernières viennoiseries semblaient avoir traversé une catastrophe nucléaire. Les pâtisseries étaient peu alléchantes et nous avons eu du mal à croire que ce gros pâté marron était bel et bien un éclair au chocolat! Nous nous sommes toutefois laissés tenter par un macaron insipide (même pas la moindre saveur d’amande) et un café espresso, certes bon, mais qui aura mis du temps à arriver malgré la faible affluence dans la boutique. Et cerise sur le gâteau, avant de partir, nous avons surpris la vendeuse saisir un sablé dans la vitrine pour le manger ! Alors si les viennoiseries et les pâtisseries françaises (ou même la pâtisserie tout court) vous manquent, surtout, passez votre chemin!
Mais que voulez-vous, les déceptions font aussi partie du voyage, non? Le principal, c’est de ne garder que le meilleur, comme le souvenir de ces magnifiques paysages…
Bon, encore un beau tour!