Lundi 13 août 2018.
C’est une belle journée qui s’annonce. Charlevoix est une région située au nord de la ville de Québec et qui s’étend jusqu’à l’embouchure de la rivière Saguenay, que nous découvrirons dans quelques jours. Son centre est caractérisé par la présence d’un cratère immense, surnommé l’astroblème de Charlevoix, et créé par l’impact d’un astéroïde qui passait par là, il y a 400 millions d’années. Les chaînes de montagnes qui la traversent appartiennent aux Laurentides. Charlevoix longe également le Saint-Laurent, si bien que la région peut se visiter soit par la montagne, soit par le fleuve.
Aujourd’hui, nous avons décidé de visiter l’arrière-pays de la région de Charlevoix, c’est-à-dire la partie montagneuse, mais notre programme est encore incertain. En effet, la région compte deux parcs et nous ne savons pas lequel explorer : le Parc National des Grands-Jardins ou le Parc National des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Après quelques recherches, nous réalisons que les distances à parcourir en voiture sont raisonnables, alors autant visiter les deux parcs!
Avant de rejoindre le premier parc, Jc nous conduit vers un lieu qu’il tente de tenir secret jusqu’à la fin du trajet. Il s’agit du Pont Couvert de Saint-Placide-de-Charlevoix, construit en 1926. D’après la pancarte pédagogique, il s’agit du dernier pont couvert encore fonctionnel dans la province de Québec! L’avenir nous prouvera qu’il s’agit d’une information erronée, puisque nous en verrons un autre dans la région de Saguenay (peut-être pas tout à fait la même structure, mais ça reste un pont couvert!). Un pont couvert, comme son nom l’indique, c’est un pont avec un toit, qui a pour fonction de protéger le plancher en bois des intempéries. Ces ponts couverts sont parfois surnommés pont de sang, en raison de leur couleur rouge si caractéristique.
Le Parc des Grands-Jardins
Il est désormais temps d’emprunter la Route des Montagnes, pour rejoindre le Parc des Grands-Jardins dont l’entrée est payante (9 dollars à la journée ou 78 dollars à l’année). Nous avons opté pour une petite randonnée sur le sentier de la Chouenne, d’une distance de 4.8 km (aller-retour), pour un dénivelé de 250 m. Ce sentier doit nous conduire à un mont de 730 m d’altitude, avec une vue imprenable sur la vallée et sur le Mont du Gros Bras.
Sac à dos bouclé, chaussures de montagnes lacées et crème solaire tartinée : c’est ainsi préparés que nous entamons la grimpette (le niveau de difficulté du parcours est annoncé comme « intermédiaire »). Au début du sentier, un panneau nous rappelle l’attitude à avoir en cas de rencontre avec…un ours! Sachez que si un jour vous tombez nez à nez avec un ours, il ne faut pas le regarder dans les yeux mais lui parler doucement, et ne jamais lui tourner le dos! S’il s’approche de vous, lancez des cailloux ou un objet dans sa direction pour le distraire. Vous pouvez toujours essayer de monter dans un arbre, mais n’oubliez pas que lui aussi est capable de le faire!
Après quelques minutes de marche, nous retrouvons rapidement l’ambiance des sentiers de montagnes : le soleil tape sur les rochers mais l’ombre des sapins nous rafraîchit par intermittence, les baies sauvages bordent le chemin en abondance (interdiction de les ramasser!), les randonneurs se saluent en se croisant…Il manque juste le tintement des cloches accrochées au cou des vaches, qu’on a l’habitude d’entendre dans les Alpes ou les Pyrénées! Ça grimpe bien mais ça n’empêche pas Jc de parler, de chanter, de raconter des histoires (inutile de vous dire lequel des deux arrivera le plus essoufflé au sommet!).
Une fois là-haut, nous sommes seuls au monde (du moins, quelques instants) et le panorama est impressionnant. La vue est très dégagée, donnant à la fois sur la chaîne des Laurentides et le Saint-Laurent. En attendant que d’autres randonneurs nous rejoignent au sommet, des sauterelles particulièrement bruyantes nous tiennent compagnie. Nous restons presque une heure là-haut, à profiter du paysage et à nous moquer des poses que les autres randonneurs prennent pour leurs photos (ce qui ne nous empêchera pas de faire les idiots nous aussi!). Nous redescendons puis pique-niquons au pied de la station, en compagnie d’un petit chipmunk. Notez que j’use d’un pléonasme ici, puisque le chipmunk est déjà un petit rongeur par définition (mais c’est tellement mignon!).
Le Parc des Hautes-Gorges-de-la-rivière-Malbaie
Nous reprenons la route des Montagnes pour rejoindre le Parc des Hautes-Gorges-de-la-rivière-Malbaie. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, et bien que la rivière Malbaie soit encaissée dans la montagne, il ne faut pas s’attendre à voir ici des gorges. Les lieux ont été initialement décrits ainsi par erreur mais le nom de gorges est finalement resté. Pendant l’heure de route qui sépare les deux parcs, nous croisons un petit porc-épic noir, traversant tranquillement la route ainsi que des oiseaux charognards se partageant une carcasse sur la route (des « Urubus à tête rouge », un drôle de nom pour cet animal au physique moyennement avantageux). Lorsque nous arrivons sur le parking du parc, des Lyonnais en panne nous demandent de l’aide pour recharger la batterie de leur voiture. Pendant que Jc fait des étincelles avec (le moteur de) nos compatriotes, je m’acquitte (encore) des droits d’accès au parc et je réserve une balade en bateau-mouche sur la rivière Malbaie. Nous ferons la dernière croisière de la journée, la plus conseillée, car à l’approche du crépuscule, la lumière est plus belle et les animaux commencent à sortir de la forêt pour se nourrir ou se rafraîchir dans la rivière…Le bateau se prend un peu plus haut, au niveau du barrage des Érables mais les voitures n’ont pas le droit de circuler dans le parc (sauf pour les occupants du camping). L’accès à l’embarcadère se fait donc en BUS JAUNE ! Si je l’écris en lettres capitales, c’est parce qu’en voyant un de ces fameux bus généralement dédié au transport scolaire, Jc est comme un fou! Ses yeux pétillent comme ceux d’un enfant qui s’apprête à s’asseoir sur les genoux du Père Noël! Si la glace au cassis dégustée sur l’île d’Orléans reste un moment magique de ce voyage pour moi, je sais que pour Jc, c’est cette montée au barrage de la rivière Malbaie dans un bus jaune, conduit par un petit papi bénévole!
En attendant le départ de la croisière, nous nous promenons sur le site. Un petit sentier qui traverse le barrage nous fait découvrir le métier de la drave, né au XIXème siècle. En hiver, les arbres étaient coupés et stockés à proximité des rivières en attendant la fonte des neiges. A l’arrivée du printemps, les bûcherons les plus téméraires étaient embauchés comme draveurs. Les troncs d’arbre étaient tout simplement mis à l’eau, et entraînés par le courant, flottaient jusqu’aux pieds des scieries ou des pulperies pour la fabrication du papier. Les draveurs avaient pour mission « d’accompagner » la descente du bois, ce qu’ils faisaient en se tenant debout en équilibre sur les tronçons, et en maniant une perche (une drave), pour éviter les bouchons (les embâcles). Mais parfois, les draveurs devaient faire sauter les embâcles à la dynamite, pour permettre au convoi de reprendre son cours. La descente pouvait prendre plusieurs semaines. C’était donc un métier très physique et périlleux qui a finalement était interdit un peu plus d’un siècle plus tard, car en plus d’être dangereux, il avait des conséquences désastreuses sur les écosystèmes des rivières.
L’heure de la croisière a sonné. Nous embarquons pour une balade d’une heure et demie. Le paysage est agréable, mais malheureusement, il a fait très chaud aujourd’hui et les animaux tardent à sortir de leur cachette. Finalement, à part deux canards et un castor, on n’a pas vu grand chose!
Nous rentrons tranquillement sur Saint-Urbain à la tombée de la nuit. Malgré les mises en garde de notre chauffeur de bus, sur le chemin du retour, nous n’avons pas croisé le moindre orignal (élan local) sur la route. A l’issue de cette journée en pleine nature, nous sommes couverts d’un mélange de courbatures, de coups de soleil, et de poussière mais nous avons surtout la tête remplie de beaux souvenirs!
Coucou « Anonyme ». Merci pour tes commentaires mais qui es-tu ;-)?
On attend la suite!!!Allez Emilie, fais-nous rêver encore et encore! On est tous scotchés par ta façon d’écrire tes récits…il faudra en faire un livre-photos, non?